Prédestination ou responsabilité ?

vous et vous, vous êtes prédestinés, alors écoutez-moi et suivez-moi ; quant
à vous autres vous n’êtes pas prédestinés, dès lors cela ne sert à rien de m’écouter,
ni de me suivre ! Ÿ Jésus appelait tous ceux qui pouvaient l’entendre comme nous
sommes invités à appeler tout le monde.
La prédestination ne se joue cependant pas à propos de l’appel, mais à propos
de la réponse que l’on offre à cet appel. Certains répondent à l’appel de Dieu,
d’autres pas. Or ceux qui répondent positivement se demandent assez automatiquement
pourquoi eux sont devenus croyants et d’autres ne le sont pas devenus. Sans
nécessairement affirmer que ceux qui n’ont pas répondu à l’appel de Dieu sont
définitivement damnés, il leur faut bien reconnaître qu’ils n’avaient fondamentalement
pas plus de raisons – étant également pécheurs, coupés de Dieu – de croire que ceux
qui n’ont pas cru. Ils en arrivent même à accepter que, puisque dans leur foi-confiance
ils font tout dépendre de Dieu, même leur foi dépend de Dieu et pas d’eux-mêmes.
Leur foi leur a été donnée par Dieu. Ils ont été choisis par Dieu, prédestinés
par Dieu pour devenir des croyants. Comme vous le dites très bien, ils ont cette
conviction que c’est Dieu (et non eux-mêmes, malgré les apparences) qui a fait
le premier pas, que c’est Dieu (et non eux-mêmes) qui les a cherchés, que c’est
Dieu qui a donné son fils pour eux, etc. La prédestination découle de cette
conviction que si Dieu ne m’avait pas cherché le premier, je n’aurais pas pu
le chercher et que même cette recherche de Dieu Ÿ a été suscitée en moi par Dieu...
L’erreur serait à mon sens que les croyants, se sachant prédestinés par Dieu,
en fassent une occasion d’orgueil et méprisent ceux qui n’ont pas (encore) répondu
à l’invitation de Dieu. La tâche de ces croyants est très bien définie par le
message évangélique. Ils doivent être porteurs de l’appel de Dieu à l’adresse de
ceux qui n’ont pas (encore) répondu à l’appel de Dieu. La réponse à cet appel
ne dépend – ils le savent – ni d’eux ni de leurs interlocuteurs, mais de Dieu
qui agira quand et comme il le voudra.
Une autre erreur est celle de ceux qui n’ont pas répondu à l’appel et qui se
disent que, puisque Dieu n’a pas voulu qu’ils deviennent croyants, ils n’ont
rien d’autre à faire que d’attendre que Dieu crée la foi en eux. Ils refusent
ainsi à Dieu la possibilité de susciter la foi en les plaçant face à un choix
qu’il ont l’impression de faire eux-mêmes et qu’après coup ils risquent fort
de reconnaître comme le résultat de l’action de Dieu en eux.