Hors de l'Eglise, pas de salut?

Paul, lui qui excommunie et envoie à Satan ce pauvre gaillard qui couchait
avec sa belle-mère !
Aujourd'hui on trouverait cela plutôt romanesque.!
Ce dogme est-il toujpurs d'actualité dans l'Eglise catholique et qu'en pense
les théologiens réformés?
L'eglise doit-elle être nécessairement une institution avec une organisation
hierarchique ou
démocratique, avec des comptes et des impôts ?
N'y a t-il pas plus de mérite de côtoyer des adversaires de la foi que de se
tenir dans le cocon
bien chaud des gens qui pense comme vous (aimer ceux qui vous aiment ...les
paiens ne font-ils pas de même ?)
Cher JPM,

Votre question a deux aspects, l'un plus théologique, même dogmatique; l'autre
plus pratique.
En ce qui concerne la fameuse formule : "Hors de l'Eglise, pas de salut", c'est
une formule patristique (et non biblique, même si, comme vous le relevez justement
Paul pratique des "excommunications"), de défense de l'Eglise majoritaire contre
les hérésies. Elle se retrouve notamment chez saint Augustin. Cela n'a jamais été promulgué
comme un "dogme", même si la place de l'Eglise (institutionelle) dans le catholicisme
est devenu au cours des siècles de plus en plus importante.
Si vous voulez en savoir plus sur l'histoire de cette formule, et son application
possible aujourd'hui, je vous renvoie à cette recension d'un livre du théologien
catholique Sesboué sur ce thème : http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1294

Aujourd'hui, à l'heure du dialogue interreligieux cette formulation devient
de plus en plus problématique. Les protestants ne l'ont jamais vraiment adoptée,
ou du moins, ils mettraient un bémol de taille: l'Eglise serait non l'Institution,
mais l'Eglise Invisible regroupant tous les "croyants", donc sans frontières
visibles. Mais les protestants se méfient de tout "exclusivisme": nous n'avons
pas à spéculer sur le salut des autres et à pratiquer des exclusions de ce genre,
c'est du domaine de Dieu seul.

Quant à votre remarque pratique, certes il est particulièrement important de
vivre au milieu de nos contemporains, de côtoyer et d'entrer en relation avec
des adversaires de la foi ou des personnes qui ont d'autres visions religieuses,
mais je pense qu'un minimum d'institution est nécessaire pour permettre de "structurer"
notre foi (je pense notamment à la catéchèse) et surtout pour la vivre en communauté,
et c'est là peut-être une des grandes faiblesses du protestantisme que de se
passer trop vite d'une vie communautaire et ecclésiale.