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Comment articuler les différentes pensées sur la grâce ?

01.09.2005 Thème : Théologie et Philosophie Bookmark and Share
Réponse de : Georgette GribiGeorgette Gribi

Le débat sur la grâce provoque en moi des contradictions : d'une part, je comprend
ce que Tillich veut dire, car la grâce ne peut être grâce seulement si rien
ne la justifie ni ne la légitime et se sentir inacceptable évite que l'on se
prenne pour un élu ou un favorisé ! Dans ce contexte, souligner la totale altérité
de Dieu est tout-à-fait logique.
Mais la grâce, défendue par des paroles humaines devient une arme dangereuse
: si l'on prend en compte les dérives induites ( postérieurement et certainement
à leur insu)par les grands théologiens de la grâce, tels St Paul, St Augustin
et Luther, on peut se demander s'il ne faudrait pas voir les choses un peu différement.
Je m'explique :
St Paul, en plaçant tout sous le régime de la grâce au détriment de la Loi,
tout en greffant le christianisme sur le judaïsme a permis des arguments pour
dire que les Juifs se trompaient et en faire des boucs émissaires.
St Augustin, pour défendre un Dieu, à la fois exempt de toute compromission
avec le mal et en même tout-puissant, a dû inventer le concept du péché originel
et la prédestination que l'on a par la suite interprétés selon l'histoire sociale
et pas forcément comme dans le sens voulu par Augustin.
Luther, dont il faut admirer le courage et la persévérance, dans sa controverse
avec Erasme a quand même voulu imposer son expérience personnelle comme une
vérité universelle.
Il ressort de cela que la grâce défendue ou justifiée par des êtres humains,
au lieu de nous réunir, nous divise ! Avons-nous le droit d'en faire notre fer
de lance dans une argumentation humaine si en même temps on défend l'absolue
altérité de Dieu ?
Au XXe s. on en est finalement arrivé à "la mort de Dieu",à force de le qualifier
d'indicible,de Dieu caché, absent, voilé...bref un Dieu à des années lumières
du Dieu proche,aimant, faisant toute chose nouvelle de l'Evangile ! (on peut
comprendre ceux qui se disent athées).
Une béatitude dit "Heureux, les doux, parce qu'ils posséderont la terre ", ici,
on est loin des envolées rhétoriques des théologiens pré-cités qui pourtant
ont fait avancer la pensée occidentale. (C'est aussi proche de ce que répondait
D Guex à Louis)
Mais comment articuler tout cela ? Merci de prendre le temps de mettre un peu
d'ordre dans mes pensées.

Le but de tout théologien, c'est de dire sa foi dans le contexte de vie qui
est le sien - contexte social, intellectuel, politique, philosophique. Ce bien
cela qu'ont fait tous les théologiens que vous citez, d'Augustin à Tillich.
Chacun d'eux était confronté à des enjeux bien spécifiques, liés à son époque, et
a tenté de dire une parole sur Dieu par rapport à ces enjeux. Chacun a également
tenté de corriger les dérives possibles qu'il a pu observer dans la théologie.
Si on confronte toutes ces idées sur la grâce, sans faire attention au contexte
dans lequel chaque théologien écrit, on se trouve effectivement devant une montagne
de contradictions.

Il m'est impossible, ici, de reprendre chacune des pensées que vous citez :
c'est un travail qu'il faudrait faire à l'Université, dans une dissertation
sur la théologie de la grâce. Mais sur ce site, je ne peux vous encourager qu'à
une chose : essayer de définir ce qu'est, pour vous, la grâce. J'ai remarqué
que vous citez beaucoup de textes, mais que vous ne dites pas vraiment ce que
vous-mêmes pensez, quelles sont vos propres questions. On ne peut pas articuler
des pensées disparates sur la grâce si on n'a pas soi-même quelque chose qui
nous habite, une question, une incompréhension, un besoin...

Cela dit, il reste absolument indispensable que des humains parlent de la grâce,
tentent d'en dire quelque chose; de dire par là en quoi Dieu nous aime, qu'est-ce
que cela signifie pour nous, quelles en sont les conséquences pour l'image qu'on
se fait de Dieu, pour notre vie de tous les jours. On peut le faire de manière
plus ou moins intellectuelle, plus ou moins profonde, plus ou moins rigoureuse,
mais on DOIT le faire. Et ce travail-là n'est pas réservé aux théologiens, il
doit être fait par chacun, ne serait-ce que pour soi-même.



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