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Que disent les écritures au sujet du harcèlement psychologique et du harcèlement sexuel ?

sojera 12.05.2019 Thème : Bible: ce que disent les textes Bookmark and Share
Réponse de : Didier HalterDidier Halter

Bonjour et merci de votre question.

Les Écritures ne parlent pas directement du harcèlement psychologique ou sexuel. Ce concept est moderne et il serait vain de le rechercher mot pour mot dans un texte biblique. Cependant, les Écritures rapportent des situations où des modernes (comme nous) pourraient repérer des exemples de ces comportements. Ne pourrait-on pas qualifier l’attitude de Jacob vis-à-vis de son frère Ésaü d’abus de faiblesse (Genèse 25, 29-33) ? Et la manière dont David couche avec Bath-Chéba ne relève-t-elle pas du harcèlement sexuel (2 Samuel 11,1-5) ? Enfin, dans la parabole dite de la veuve et du juge inique (Luc 18, 1-8), la veuve ne harcèle-t-elle pas psychologiquement le juge qui lui, fait preuve d’un abus de pouvoir ?

Pourtant, s’il est possible de trouver dans les textes bibliques des situations qui se rapportent à du harcèlement, ce dernier ne peut en aucun cas être justifié sur la base des Écritures, bien au contraire. Selon Galates 5,1 : « c’est pour la liberté que Christ nous a libéré… ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage ». C’est dire que toute action qui vise à restreindre ou supprimer la liberté (ce qui est le cas du harcèlement psychologique ou sexuel) est contraire à la foi chrétienne. En 1 Corinthiens 8, Paul, à propos d’une question qui n’est pas celle du harcèlement, ne cesse de mettre en première ligne l’attention aux plus faibles. Cette thématique de l’attention prioritaire pour les plus faibles dans le corps communautaire se retrouve aussi en 1 Corinthiens 12,25-26.

Toute action de harcèlement est donc contraire à un comportement chrétien.

Quant à la violence, elle est effectivement présente dans bien des textes bibliques. Ces derniers constatent que la violence est présente dans le monde dans lequel nous vivons. C’est le cas en Genèse 4 avec l’histoire de Caïn et Abel qui est, sous la forme d’une narration, une réflexion sur la violence, ses origines, ses conséquences et les moyens de la combattre. C’est sur ce dernier point d’ailleurs que se concentrent la plupart des textes bibliques qui traitent de la violence. Ils nous offrent trois pistes pour la prévenir ou en sortir. D’abord la parole (Gn 4,8 où la tentative de parole avortée de Caïn le conduit au meurtre ou encore Math 5,24-25), puis la culture (Gn 4,17-22 où les principaux aspects de la culture de l’époque – l’architecture, la musique et la littérature qui lui est liée, l’artisanat d’art – sont présentés comme autant de remparts à une violence collective) et enfin la résistance non-violente (Math 5,38-47). La place manque dans cette réponse pour développer chacune de ces pistes.

Une dernière remarque encore à propos du décalage culturel entre les mondes des textes bibliques et les nôtres. Ce décalage suppose aussi qu’une violence, que nous jugeons inacceptable aujourd’hui, n’était pas forcément considérée comme tel dans le passé. Cela ne signifie nullement que par fidélité aux textes, nous devrions conserver ces considérations anciennes. Non, cela doit nous rendre attentifs au nécessaire et continuel travail d’interprétation que chaque génération chrétienne doit effectuer, par fidélité à la démarche biblique elle-même qui nous présente de nombreux exemples de cette relecture perpétuelle.



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