Comment comprendre la parole de Lc 16,18, sur la répudiation ?
pas oublier que cette parole est prononcée par Jésus, qui est aussi celui qui
pardonne, notamment à la femme adultère, en Luc 7,36-50... Que le divorce soit
un mal, nous sommes donc d'accord. Mais que la possibilité d'une vie nouvelle soit
accordée à ceux qui ont souffert - et le divorce est une souffrance, une déchirure
qui fait très mal - c'est le coeur même de l'Evangile !
C'est vrai qu'il y a beaucoup de divorces dans notre société, et que cela donne
à penser... pourquoi tant de gens passent par là ? Il y a à réfléchir, et à
tenter de lutter contre ce fléau. Mais derrière cette réalité, il y a des gens
qui souffrent, et je ne pense pas que ça fasse plaisir à qui que ce soit d'en
arriver au divorce.
Pour ma part, je ne pense donc pas que nous, chrétiens, ayions à intervenir
dans cette question à coup de morale stricte; je ne pense pas non plus que nous
agrémentons la parole de Dieu à notre sauce quand nous acceptons le divorce.
Justement, nous sommes peut-être en train d'accepter l'Evangile, de permettre à des
gens qui souffrent de se sortir de leur souffrance, de leurs erreurs, de recommencer
une vie nouvelle.
Et si vous jetez un petit coup d'oeil au texte parallèle de Marc 10,11-12, vous
verrez qu'il se trouve dans un contexte bien particulier (alors que le verset
de Luc est cité hors de tout contexte), dans lequel Jésus tente de montrer aux
disciples les raisons des lois sur la répudiation; et Jésus dit : "C'est à cause
de la dureté de votre coeur que Moïse) a écrit pour vous ce commandement." Ainsi,
Jésus tente de montrer que la situation idéale serait, bien sûr, de ne pas avoir
à divorcer - et c'est dans ce sens qu'il poursuit en disant que le divorce reste,
qu'on le veuille ou non, un adultère, donc une situation qui ne devrait pas
arriver. Mais il se trouve que nos coeurs sont durs, parfois, et qu'il nous
arrive de faire des erreurs, ou de nous infliger des souffrances mutuelles -
notamment dans nos couples. Alors, parfois, on ne peut pas faire autrement,
même si c'est toujours très douloureux. L'essentiel, à mon avis, est de continuer
à croire que la vie en couple est possible, belle, et que c'est cela que Dieu
veut pour nous, et non pas des ruptures et des changements continuels de partenaires.
A partir de là, il faut faire avec la réalité des gens, et non avec des lois,
sous peine d'enfermer l'Evangile dans le carcan que Jésus a justement cherché
à briser.