Le salut... pour qui ?

les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint
Esprit [...]".
Que pensez vous de ce critère de selection pour une vie pratique? Ce hypothétique
non-salut n'est-il pas indésirable et à éviter?
Jean Paul.
Je vois bien ce que vous voulez dire lorsque vous résumez la question en deux
alternatives : tout le monde est sauvé; seuls ceux qui croient sont sauvés.
Pourtant, je pense que les choses doivent être nuancées, et qu'il faut peut-être
poser le problème autrement. Pour ma part, en effet, les deux alternatives sont
un peu vraies... et là, vous allez me dire que vous y perdez votre latin, et
vous aurez raison ! Donc, je m'explique.
Poser la question autrement, c'est ne pas voir les choses en termes de "suis-je
sauvé ou ne le suis-je pas", mais plutôt en désir de Dieu pour les humains :
Dieu désire plus que tout que nous soyions sauvés, car il nous aime. Il ne veut
que ça, et il nous l'offre... en passant, être sauvé, pour moi, signifie vivre en
étant libre de mes contradictions et de mes faiblesses humaines, vivre pleinement,
jusqu'au bout, en aimant de toute la force dont je suis capable mes congénères
humains. Donc, Dieu veut que je puisse vivre cela, il m'en donne la possibilité,
en se faisant tout proche de moi, au travers de la personne de Jésus-Christ.
En cela, tous sont sauvés - c'est-à-dire que tous ont la possibilité de vivre
cela. Et parler ainsi ne veut en aucun cas dire qu'il n'y a pas de repentance
ou de foi, je précise ! Mais cette repentance, pour moi, est un beau chemin
ouvert vers une autre vie, une vie vraie, libre.
Regarder les choses de ce point de vue là nous évite de tomber dans une idée
culpabilisante du salut, qui dirait : tu dois croire en Jésus-Christ sous peine
de ne pas être sauvé. Une telle idée peut faire très peur, et peut provoquer
des attitudes qui vont complètement à rebours de cette vie que Dieu veut pour nous.
En effet, certaines personnes se mettent à croire en Jésus-Christ non pas parce
qu'elles ont été vivifiées par son amour, mais par peur de perdre leur salut...
et en arriver là, c'est être très loin de l'Evangile qui, justement, cherche à
nous dire qu'une vie nouvelle, faite de liberté, d'amour et de plénitude, est
possible. Donc, pour répondre au côté pragmatique de votre question, je ne prendrais
pas, pour ma part, le risque de choisir de manière aussi définitive l'une des
deux thèses, pour éviter, justement, que la question du salut devienne une question
terrifiante, qui nous coupe de l'amour de Dieu au lieu de nous en approcher.
Le moins risqué, à mon avis, est de proclamer le mieux possible et le plus haut possible
la bonne nouvelle de l'Evangile, et de laisser à Dieu le soin de savoir qui
est sauvé ou non.