Peut-on vivre avec moins de biens matériels dans notre société ?

>Votre question m'enchante, car votre désir correspond à l'une de mes grandes
préoccupations : je pense, en effet, qu'il en va de notre responsabilité de
chrétiens de trouver des alternatives à la frénésie de consommation qui est
devenue habituelle dans notre société.

La radicalité du message de l'Evangile m'a souvent interpellée sur cette question
: Vend tout ce que tu as et donne-le aux pauvres... oui, mais il faut bien manger,
s'habiller et dormir quelque part. Plus encore, il faut bien vivre à peu près
comme les autres si l'on veut avoir des relations sociales; et comme chrétiens,
nous sommes aussi appellés à être le sel de la terre, donc à vivre parmi nos
semblables. Alors, dilemme : est-il possible de vivre dans notre monde tout
en consommant moins ?

Je pense que oui. Mais cela commence par la manière dont nous faisons nos courses
à la Coop ou à la Migros. En achetant moins, mais plus intelligemment (au lieu
de 6 bouteilles de Coca, acheter du jus d'orange Max Havelaar ou décider que
l'on boira de l'eau; au lieu d'acheter des tortellinis tous faits, choisir les
ingrédients pour une tarte au fromage, en se disant que l'on prendra le temps
de la confectionner avec nos enfants, etc). Cela continue dans la manière dont
nous occupons nos loisirs : avons-nous vraiment besoin du DVD dernier cri qui nous permettra
de visionner les meilleurs films, ou choisissons-nous de privilégier des loisirs
moins coûteux, mais que nous pouvons faire avec d'autres ? Loin de moi l'idée
de banir les DVD de nos maisons ! Mais je pense que limiter les biens matériels,
ce n'est possible que si l'on accepte de renoncer à certains objets, à certaines
activités. Il ne s'agit pas de devenir ascètes, mais simplement de se détacher
de l'idée que pour être heureux, il faut posséder tout un tas de choses.

Vivre différemment des clichés, pour moi, c'est vivre en déplaçant mes priorités.
C'est privilégier tout ce qui m'aide à développer des relations avec les autres,
à rester ouverte à l'action de Dieu dans ma vie. Cela peut donc aussi vouloir
dire : travailler un peu moins, quitte à gagner un peu moins; passer moins de temps
dans les magasins, quitte à devoir se contenter d'un PC un peu moins puissant.
Mais ce qui me semble crucial, pour nous, chrétiens, c'est de témoigner au monde
de la possibilité de vivre beaucoup mieux avec beaucoup moins.