Comment Hitler mort pourrait-il relire sa vie?

Si l'idée de résurrection a le moindre sens, alors elle implique cette rencontre
de l'être humain, autant mort que vivant, avec Dieu. Et là, plus de faux-fuyant,
plus de possibilité de nier ce qu'on a fait de sa vie. Le jugement, tel que je le comprends,
c'est précisément cette lumière sur la vie vécue, avec ses lâchetés et ses fidélités,
avec le bien et le mal.
Je ne crois pas en un Dieu qui s'assimile à Osiris, ce dieu égyptien qui pèse
les âmes et les condamne le cas échéant. "Moi je ne juge personne" dit le Christ
de Jean (Jean 8, 15) à qui "le Père a remis tout jugement" (Jean 5, 22). Le
jugement est déjà accompli par l'être humain lui-même: "qui me rejette a son juge:
la parole que j'ai dite le jugera au dernier jour." (Jean 12, 48) Je comprends
ces textes comme le fait que l'être humain, devant Dieu, mort ou vivant, se
juge lui-même par la confrontation avec la parole du Christ. C'est ce que j'ai
essayé de dire à propos d'Hitler: devant son Créateur, il ne peut que relire
sa vie à la lumière de cette Parole et en tirer les conséquences.
On pourrait bien sûr me renvoyer des versets du même Evangile qui disent autre
chose. Mais je relis la Bible à la lumière de la conviction que l'oeuvre du
Christ est une oeuvre de salut, pas de perdition de quiconque. On a le droit
de faire une autre lecture, reste à montrer sa pertinence théologique face à la
grâce qui prime tout, me semble-t-il.
Par rapport à Hitler, la difficulté de cette lecture, c'est qu'elle admet que
le monstre du 20ème siècle est un être humain à part entière. C'est pourquoi
il a pu se révéler monstrueux: il aurait pu être autre chose (voir par exemple
lem livre de Eric-Emmanuel Schmitt "La part de l'autre".)