Comment être en paix avec moi-même, avec ma religion, face à tant d'injustice ?

celà ne change pas grand chose... En tant que chrétienne, comment agir face à ces
regards, comment rompre cette distance ? Comment être en paix avec moi même,
avec ma religion, face à tant d'injustice ?
Je vous remercie d'avance pour votre réponse à cette question qui me perturbe
depuis un moment déjà. Je vous remercie aussi pour toutes les autres réponses,
vous faites un travail formidable !
Vous avez posé votre question le jour où je revenais de deux semaines au Cameroun.
Et des questions semblables aux vôtres m'avaient déjà souvent travaillé au cours
des sept ans que j'ai vécus au Rwanda.
Voici qu'en fonction de cette "expérience", je viens de passer une soirée avec
un groupe de jeunes (15-25 ans) se préparant à passer deux semaines au Bénin
pour une visite d'Eglise. J'avais à répondre à cette question : "Comment réagir
face à la mendicité ?"
Je leur ai demandé comme ils réagissent face à la mendicité rencontrées à Lausanne
en Suisse; leurs réactions allaient d'une relative indifférence à un sentiment
de malaise proche du vôtre.
J'ai dit que ce sentiment de malaise sera beaucoup plus dur à supporter face
aux contrastes qu'ils découvriront durant leur séjour. Je leur ai conseillé
de ne pas se soulager la conscience au travers de "gestes individuels" mais
de s'informer sur les actions communes entreprises par d'autres et qu'ils peuvent
soutenir. C'est ce que vous vivez au travers de vos engagements bénévoles.
Mais je n'ai toujours pas répondu à votre question...
C'est parce que je n'arrive pas vraiment à être en paix avec moi-même, avec
ma religion, face à tant d'injustice.
Alors je relis les évangiles et d'autres textes bibliques. J'y retrouve des
paroles qui me disent deux choses fondamentales : un pardon et une vocation.
Un pardon : "en Christ et par Christ" (il en faudrait des mots pour expliciter
ces expressions), je suis libéré du sentiment de culpabilité. Et vous aussi
! A nous maintenant de vivre de cette libération reçue et qui vient nous travailler
au plus profond de nous-mêmes; libération nourrie par la méditation des récits
bibliques, la prière personnelle et communautaire, la participation au repas
du Seigneur et l'attention portée à tant de gens libérés.
La vocation : faire en sorte qu'autour de nous et dans le monde des espaces
de paix et de justice s'agrandissent. Cohérence à vivre entre le pardon reçu
et nos choix de vie politiques, économiques, sociaux, etc.
Et là encore, rejoindre d'autres pour partager avec eux nos questions, nos malaises,
nos projets.
Recevoir la paix de Dieu et travailler à cette paix : cette tension ne nous
laisse jamais tranquilles. Puisse-t-elle ne pas nous écraser mais nous stimuler
!
Noël va nous rappeler que cette histoire de paix a passé par la fragilité d'une
naissance et a failli être arrêtée par la violence d'une crucifixion. Mais Dieu
fait en sorte que cette histoire continue, et c'est Lui qui vous accueille dans
cette histoire.