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Que penser du travail des enfants en Afrique noire ?

02.12.2003 Thème : Éthique: choix, responsabilité, liberté et morale Bookmark and Share
Réponse de : Jacques KÜNGJacques KÜNG
Pendant sept ans, j'ai vécu et travaillé comme pasteur dans un pays d'Afrique
centrale. La diversité de ce que j'y ai découvert m'empêche de répondre de manière
simple à votre question.
J'y ai rencontré une minorité d'enfants de familles aisées qu'un chauffeur conduisait
tous les matins dans une école privée ; ces enfants ont ensuite pu suivre une
formation universitaire soit dans leur pays, soit dans un autre pays.
J'y ai rencontré des enfants des rues, vivant de mendicité ; certains parce
que leurs parents les y contraignaient, d'autres parce qu'ils avaient fui un
encadrement structuré, d'autres enfin parce que c'étaient pour eux la seule
manière de survivre.
J'y ai rencontré aussi des enfants associés aux tâches familiales, en fonction
des forces et compétences de leur âge (puiser l'eau, surveiller le bétail).
En tant que père de famille, j'estime juste que des enfants soient ainsi associés
à des tâches familiales, pour autant qu'ils puissent suivre une scolarité dans de
bonnes conditions et garder du temps pour des jeux.
Diversités des situations où des enfants "travaillent".
Je suis conscient que les médias, l'UNICEF (voir le site www.unicef.org) ou
d'autres organismes (tapez "droits des enfants" sur un moteur de recherche internet,
et des pistes s'ouvriront) doivent trop souvent alerter l'opinion publique,
ainsi que les responsables politiques et économiques à propos d'abus commis à l'égard
d'enfants : obligation de travailler dans des conditions d'esclavage, exploitation
de toutes sortes y compris sexuelles, recrutement forcé dans des milices armées
pour participer à des combats.
Face à de tels abus, j'attends des Eglises qu'elles s'engagent à proclamer et
à respecter la dignité des enfants, au sein de leurs diverses communautés, comme
dans la société où elles vivent.
Dans toute la tradition biblique, l'attitude que l'on adopte à l'égard des personnes
les plus fragiles révèle notre manière de prendre Dieu au sérieux.
Chaque fois que des abus sont commis à l'égard de tout être humain, quel que
soit son âge et son origine, c'est le Seigneur lui-même qui se sent méprisé
et rejeté (cf. Matthieu 25,31-46).
Il importe que des Eglises du Nord et du Sud s'informent les unes les autres
à propos des situations de détresse qu'elles affrontent et de leur manière d'y
inscrire des gestes de résistance et d'espérance.
Puisque les puissances économiques mondiales s'allient pour augmenter leur profit
au détriment des plus fragiles, il importe de "mondialiser" aussi nos capacités
d'indignation, de résistance et d'imagination, afin que nos enfants puissent
grandir dans le respect et dans la confiance.



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