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Votre questionDieu s'est-il révélé contre toute religion?
Est-ce que vraiment vous pensez que Dieu s'est révélé CONTRE toute religion ? (voir la réponse du pasteur Juvet à ..., question du 5 septembre) Il me semble que Dieu s'est appuyé d'abord sur un peuple, auquel il a confié une loi, des prescriptions, puis sur un homme, un Juste, un Juif, qui n'a pas voulu abolir mais accomplir. Ensuite sont venues des communautés, d'où les écrits de Paul, puis l'Eglise, puis les réformes etc. toujours des communautés, des rites, donc des religions. Sans cela, il n'y a plus de foi. Si Karl Barth pensait que Dieu s'est révélé sans appui culturel, qu'on le pende posthumement car il s'est trompé et continue par son influence à induire des croyants en erreur ! N'êtes-vous pas d'accord ?
Réponse de : 
Cédric JUVET
Cédric JUVET
Je reprend volontiers certains éléments de ma réponse à propos de Barth et des
religions. Je suis donc tout à fait convaincu que Dieu ne s'est pas révélé CONTRE
toute religion, mais bien A TRAVERS ce qui constitue les religions. Dieu ne
se révèle pas sans un être humain en face de lui. Même Barth fait état, sans le
vouloir peut-être, d'une expérience, celle de la révélation de Dieu dans les
Ecritures. Ce qui suppose des textes, des écrivains et des lecteurs; ce qui
suppose également que ces êtres humains sont mis en route intellectuellement,
spirituellement et émotionnellement. Cela implique une réponse humaine à la
révélation, donc des rites, des pratiques et des idées (qui aboutissent à des
formulations théologiques).
Mais je ne voudrais pas "pendre Barth" à titre posthume: il a eu le mérite de
permettre à la théologie protestante (et catholique indirectement) de sortir
d'une vision de Dieu comme garant de la morale et de Jésus comme maître de morale.
De même, ses positions lui ont donné les appuis théologques pour combattre le nazisme
en lui refusant le statut de "volonté de Dieu" pour l'époque (donc de révélation),
ce qui était la posiiton des théoriciens nazis et des "deutsche Christen" (les
"Chrétiens allemands") inféodés au nazisme. Ce n'est pas rien! Et c'est l'héritage
que nous devons garder en mémoire, contre toute tentative d'absolutiser le peuple,
l'état ou quoi que ce soit d'autre que Dieu.
Ce que j'affirme, avec d'autres, c'est que la position de Barth est actuellement
dépassée et a mené le protestantisme dans une impasse qui voulait opposer religion
et foi. Il faut donc laisser Barth en tant que monument historique, conserver
ses outils pour refuser les absolus artificiels, et passer à autre chose. Cet
autre chose me semble impliquer que Dieu se révèle dans les Ecritures, c'est
à dire dans une culture, donc une religion (le judaïsme pour ce qui est de la
Bible). En préservant la conviction de la Réforme que seules les Ecritures sont l'aune
à laquelle mesurer toutes les idées théologiques et religieuses, il faut réfléchir
à ce que signifie le christianisme DANS NOTRE CULTURE du début du 21ème siècle
et voir en quoi il a quelque chose à dire à cette culture pour l'irriguer, la contester
et permettre à l'être humain d'y vivre en liberté et en relation avec d'autres
idées philosophiques et religieuses.
religions. Je suis donc tout à fait convaincu que Dieu ne s'est pas révélé CONTRE
toute religion, mais bien A TRAVERS ce qui constitue les religions. Dieu ne
se révèle pas sans un être humain en face de lui. Même Barth fait état, sans le
vouloir peut-être, d'une expérience, celle de la révélation de Dieu dans les
Ecritures. Ce qui suppose des textes, des écrivains et des lecteurs; ce qui
suppose également que ces êtres humains sont mis en route intellectuellement,
spirituellement et émotionnellement. Cela implique une réponse humaine à la
révélation, donc des rites, des pratiques et des idées (qui aboutissent à des
formulations théologiques).
Mais je ne voudrais pas "pendre Barth" à titre posthume: il a eu le mérite de
permettre à la théologie protestante (et catholique indirectement) de sortir
d'une vision de Dieu comme garant de la morale et de Jésus comme maître de morale.
De même, ses positions lui ont donné les appuis théologques pour combattre le nazisme
en lui refusant le statut de "volonté de Dieu" pour l'époque (donc de révélation),
ce qui était la posiiton des théoriciens nazis et des "deutsche Christen" (les
"Chrétiens allemands") inféodés au nazisme. Ce n'est pas rien! Et c'est l'héritage
que nous devons garder en mémoire, contre toute tentative d'absolutiser le peuple,
l'état ou quoi que ce soit d'autre que Dieu.
Ce que j'affirme, avec d'autres, c'est que la position de Barth est actuellement
dépassée et a mené le protestantisme dans une impasse qui voulait opposer religion
et foi. Il faut donc laisser Barth en tant que monument historique, conserver
ses outils pour refuser les absolus artificiels, et passer à autre chose. Cet
autre chose me semble impliquer que Dieu se révèle dans les Ecritures, c'est
à dire dans une culture, donc une religion (le judaïsme pour ce qui est de la
Bible). En préservant la conviction de la Réforme que seules les Ecritures sont l'aune
à laquelle mesurer toutes les idées théologiques et religieuses, il faut réfléchir
à ce que signifie le christianisme DANS NOTRE CULTURE du début du 21ème siècle
et voir en quoi il a quelque chose à dire à cette culture pour l'irriguer, la contester
et permettre à l'être humain d'y vivre en liberté et en relation avec d'autres
idées philosophiques et religieuses.