La réconciliation oecuménique va-t-elle vers Rome?

Je croyais que les Protestants n'aimaient pas la vie monastique et que la Fédération
Protestante de France s'était souvent agacée du rapprochement de Taizé avec
les Catholiques; d'ailleurs le nouveau prieur est catholique, frère Roger a
eu des funérailles catholiques etc. Alors pourquoi toute cette émotion sur un mouvement
de réconciliation oecuménique, mais dans une direction ... de plus en plus romaine
? merci !
Dans votre question, j'aimerais distinguer plusieurs choses. D'abord la question
de la vie monastique du côté protestant. Il est vrai que ce type de vie est
très rare dans le protestantisme. On connaît en Suisse et en Allemagne surtout
des mouvements de diaconnesses: ce sont des femmes qui se vouent au service d'autrui,
soit en exerçant l'accueil pour des retraites spirituelles, soit en gérant des
hôpitaux ou maisons de retraite. (Cette liste n'est probablement pas exhaustive.)
Deixième chose: Taizé. C'est un mouvement monastique parti de protestants (Frère
Roger était pasteur, consacré à Genève) et devenu communauté oecuménique. Je
fais partie de ceux qui sont agacés par l'orientation de plus en plus "romaine"
de la communauté, mais je reconnais l'impact important qu'elle a auprès des jeunes et admire
le respect des différences confessionnnelles qu'elle sait maintenir envers ceux
qui viennent à sa rencontre: à ma connaissance, les frères n'ont jamais voulu
convertir qui que ce soit à une autre confession. Je regrette énormément cette
"catholicisation" de Taizé car ce n'est pas ainsi que, vieux routier de l'oecuménisme,
je comprend la réconciliation. Mais bien dans le respect des différences et
la reconnaissance des autres confessions comme des Eglises au plein sens du terme.
Enfin l'émotion. Celle suscitée par l'assassinat de Frère Roger est compréhensible
car il représentait énormément de choses pour baucoup de jeunes et moins jeunes
qui ont trouvé à Taizé une spiritualité qui leur convient. Ce n'est pas ma spiritualité,
mais elle parle à tant de gens qu'on ne peut pas simplement hausser les épaules
en guise de réaction à ce qui vient de Taizé.
Comme beaucoup de choses importantes et signifiantes, taité suscite admiration
et irritation.