La masturbation, un péché ?
La masturbation et la porno, ce sont deux sujets bien différents. Ils touchent
tous deux à la sexualité, mais je ne les traiterai pas ensemble.
Comme j'ai eu la chance de pouvoir suivre des cours de sexopédagogie spécialisée
à l'intention des handicapés, je peux vous rassurer sur le premier point, à
savoir celui de la masturbation.
La porno est un sujet plus difficile à traiter, et devrait faire l'affaire d'une
autre réponse.
D'abord, nous devons nous rappeler que la sexualité est une dimension de la
vie humaine, et que pour cette raison, elle a droit au respect et à la vérité.
Comme d'autres dimensions de la vie humaine, elle peut être entachée de péché
(dans des cas comme les crimes sexuels), mais elle n'est pas en elle-même un péché.
La sexualité correspond d'abord à la volonté de Dieu, notre Créateur, qui nous
a créés sexués.
La masturbation est un aspect de la vie sexuelle. Nous pouvons en parler sans
hypocrisie. C'est une pratique que la plupart des hommes et des femmes découvrent
très tôt, quand ils sont petits garçons et petites filles. Elle fait partie
de la découverte du corps, de l'apprentissage de la vie. C'est la preuve que l'enfant
est en bonne santé, que son corps est une merveille qui fonctionne bien, mais
ce plaisir doit rester discret ; il fait partie de la sphère intime (l'enfant
peut s'y adonner quand il est seul dans sa chambre, pas devant la famille).
C'est aussi une réalité de l'adolescence, cette période si importante de la
croissance humaine, où le corps est bouleversé par tant de facteurs biologiques
(hormonaux notamment). La masturbation est tout à fait normale dans cette phase
de développement. Mais c'est une chose tellement intime qu'on ne peut pas l'aborder
de but en blanc quand nous conversons avec des adolescents. ça ne nous regarde
pas. Il arrive cependant que des jeunes viennent me poser la question, et j'ai
pour principe de toujours leur répondre, de dédramatiser ce thème.
Et même quand on atteint l'âge adulte, la masturbation permet d'exonérer les
glandes séminales, de soulager certaines tensions, de se déstresser. Mais la
discrétion reste de rigueur ; c'est une pratique qui reste toujours d'ordre
intime.
Là oû la masturbation peut poser un problème, c'est dans le cadre de la vie
du couple. Si un homme ou une femme se met à préférer le plaisir solitaire aux
plaisirs d'une sexualité partagée, on peut se poser des questions. En fait,
c'est un sujet que le mari et la femme doivent pouvoir aborder de manière sereine,
et même partager s'ils le désirent. La masturbation ne se limitera donc pas
à un plaisir solitaire.
La Bible ne parle pas de la masturbation. En fait, il y a un passage à la fois
très célèbre et très mystérieux, que certains évoquent pour justifier leur condamnation
de la msaturbation. Il s'agit des versets 7 à 10 de Genèse 38, le péché d'Onan
(voilà pourquoi on appelle onanisme le plaisir solitaire, expression peu heureuse
!).
En fait, il s'agit plutôt d'une méthode courante de contraception, appelée de
nos jours le "coït interrompu". Peu importe. Le texte biblique ne vise ni la
masturbation, ni la contraception, mais la "méchanceté" (?) d'un homme qui refusait
de faire ce qui lui était demandé, ou l'égoïsme (?) d'un homme qui ne voulait
pas jouer le rôle d'un "père porteur" . Vu la manière dont cette étrange histoire
est racontée, ces versets sont très éloignés de notre mentalité actuelle, et
ne peuvent pas être utilisés comme arguments contre une pratique d'ordre sexuel ou
contraceptionnel.
Je vous souhaite une vie épanouie. Amicalement.