Pourquoi nul n'est-il prophète en son pays ?
propre pays... en fait que veut dire cette affirmation? pourquoi dire cela?
merci d'avance
audinette
Cette affirmation se trouve aussi dans la bouche de Jésus en Mc 6,4,
Mt 13,57 et Lc 4,24. Chose étrange, ce passage de Jn dit qu’un prophète comme
Jésus n’est pas accueilli dans sa patrie alors que, justement, il rentre dans
sa patrie (la Galilée) et qu’il y est bien accueilli. Les connaissances géographiques
de l’auteur de l’évangile de Jean laissent à désirer à moins que la patrie
Ÿ de Jésus désigne le lieu où se trouve la maison de son Père : Jérusalem !
Jésus se réfère certainement à ce qui est arrivé, à ses yeux, à la prédication
des prophètes de l’Ancien-Testament (exiliques et pré-exiliques). Ils ont, par
exemple, appelé à la pure confiance en Dieu plutôt qu’à la poursuite d’une religion
formelle fondée sur le culte, les sacrifices… Or qu’ont fait les juifs – les
gens de leur patrie - immédiatement après leur retour d’exil à Babylone ? Ils
ont reconstruit le temple et en ont refait l’un des piliers de leur vie religieuse.
Ils y ont ajouté la loi qu’ils avaient particulièrement cultivée à Babylone
en l’absence de temple. Ils n’ont pas su mettre toute leur confiance en Dieu
seul. Il leur fallait des intermédiaires avec Dieu, en l’occurrence la loi et
le culte au temple. Ils n’ont pas respecté les prophètes.
Or ce sont ces deux piliers de la religion juive de son temps que conteste
Jésus pour réappeler – comme les prophètes – à la pure confiance mise en Dieu.
Et c’est cette contestation qui va le mener à l’échafaud. Les historiens sont,
en effet, à peu près d’accord pour dire aujourd’hui qu’il a fallu que s’additionnent
ces deux contestations par Jésus pour expliquer sa mise à mort.
Tous ceux qui à la suite de Jésus désireront parler devant Dieu Ÿ,
proclamer la parole de Dieu risquent fort de ne pas être respectés dans le lieu
d’où ils viennent car cette parole est trop dérangeante. Pourquoi est-ce particulièrement
le cas dans sa propre patrie ? Il semble que l’on puisse constater de manière
assez générale qu’une parole contestataire est beaucoup plus mal reçue par des
gens qui sont habitués à vous que par des étrangers. Est-ce parce qu’ils s’attendent
à entendre ce qu’ils ont l’habitude d’entendre, à ne pas être surpris et remis
en question ? Je ne sais, mais on peut effectivement le constater et constater
que le même message passe souvent mieux chez des personnes qui nous sont complètement
étrangères.