Que signifie "voir le ressucité" chez Jean ?

Et mes excuses pour le retard mis à vous répondre dû à deux pannes techniques
: de santé puis d’ordinateur. Le verbe voir est tout particulièrement important
dans tout ce chapitre. Ce verbe a son sens propre ou terre à terre dans plusieurs
versets (Marie voit que la pierre a été enlevée v.1 ; Pierre voit les bandelettes
v.6 ; Thomas demande de voir dans les mains de Jésus la marque des clous v.25).
Mais assez rapidement l’évangéliste lie le verbe voir et le verbe croire. Le
verset charnière en la matière est le verset 8 qui concerne le disciple bien aimé,
celui en qui se reconnaît l’auteur de l’évangile. Après ce verset le verbe voir
(voir Jésus) est souvent un voir croyant, un voir de croyant. Seuls des disciples
– qui représentent dans l’évangile les croyants ou les futurs croyants – peuvent croire.
Pourtant, à lui seul ce voir ne suffit pas : Marie ne reconnaît vraiment Jésus
qu’après qu’il lui a parlé. Comme toujours chez Jean la foi naît de la parole.
D’autre part – et c’est une autre restriction – la vue du ressuscité n’est absolument
pas nécessaire à la foi : Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Ÿ (29).
De fait avec ce jeu du croire et du voir, l’évangile de Jean aborde
la question des disciples de seconde main Ÿ (S.Kierkegaard). Ils se demandent
s’ils ne sont pas prétérités parce qu’ils n’ont pas côtoyé le Christ vivant
puis ressuscité. Réponse de l’évangile dans ce chapitre : la vue n’est absolument
pas quelque chose d’indispensable. Ce qui l’est par contre c’est la foi. Les
disciples de première main n’avaient aucun avantage sur ceux de xème main :
tous doivent croire. Preuves en soient Marie et Pierre, pourtant disciples importants
dans la tradition qui ne peuvent croire tout de suite quand ils voient !
A noter que ce thème de la vue liée à la foi se trouve ailleurs aussi
chez Jean. En particulier tout le chapitre 9 (l’aveugle de naissance).