Le paradis n'existe-t-il vraiment pas ?
ne me lancerait pas, suite à mon avant-dernière réponse, la phrase que dit Jésus
en croix au "bon larron" crucifié à ses côtés (Luc 23,43). Je vous remercie
donc de me relancer et de pouvoir ainsi expliquer l'une des sept paroles du
Christ en croix.
Je ne pense pas personnellement que Jésus fasse ici une déclaration à propos
de l'existence du paradis, lieu où on irait reposer après sa mort opposé à l'enfer,
voire même au purgatoire et à l'enfer. Qu'est-ce en effet que le paradis dans
le langage de la Bible ? Le "paradeisos" est un mot d'origine perse qui signifie
le jardin et on peut imaginer ce que signifie un jardin dans des pays semi-désertiques.
Il qualifie dans la tradition hébraïque le lieu de jouissance (Eden) habité
mythologiquement par l'homme avant la chute (cf. Genèse 2,8, Ezéchiel 28,13).
Le paradis symbolise donc la félicité d'une vie accomplie opposée à l'inaccomplissement
de la vie de celui qui vit loin de Dieu. Dans sa phrase le crucifié signifie
bien à son interlocuteur que cette félicité a lieu quand on est en communion
avec lui ("tu sera avec moi"). Il lui promet cette félicité pour aujourd'hui, pour
maintenant. Certes le verbe est au futur laissant entendre que dès maintenant
et pour toujours il sera, lui qui va mourir dans quelques instants ou dans quelques
heures dans la communion avec Jésus et participera du salut.
Ce faisant Jésus ne dit rien sur leur séjour commun dans un endroit appelé le
paradis. Si tel était le cas, que faire des phrases où il est dit que Jésus
a visité le séjour des morts, des apparitions de Jésus ressuscité hors du "paradis",
sur cette terre...? Il dit simplement au bon larron que son avenir n'est pas bouché,
qu'il subsistera comme Jésus "en Dieu" et qu'il peut espérer, lui qui est devenu
croyant, une résurrection. Ne projetons donc pas notre image du paradis sur
un mot qui lui fait écho.
Insister sur la communion paradisiaque du croyant avec le Christ (et avec Dieu)
a aussi pour intérêt que cette phrase n'est pas seulement adressée à celui qui
va mourir dans un instant, mais m'est adressée à moi aussi: je puis être au
paradis aujourd'hui-même si je suis en communion avec le Christ, si ma relation au Christ
et à Dieu n'est pas morte ou fêlée (péché), mais si cette relation est au centre
de tout ce que je suis. Ma vie, ce monde nn'est donc pas nécessairement un enfer!