Comment comprendre le cri de la croix ?
abandonné?Ÿ. Il s'agit du v 2a du Psaume 22 que reprend Jésus ou qui est mis
dans la bouche de Jésus crucifié (peu importe). Ce cri résume toute la première
partie de ce Psaume 22 où l'auteur décrit la radicalité de sa misère (je ne suis
plus un homme, mais un ver...). Expression du malheur le plus radical dans lequel
l'homme peut sombrer, ce début de Psaume manifeste, dans la bouche de Jésus,
qu'il est vraiment venu partager le sort des plus malheureux des hommes. N'a-t-il
pas subi le pire des supplice alors inventé: la mort par asphyxie pendu sur
une croix ? Avec l'auteur du Psaume, il affirme qu'en pareilles circonstances,
l'homme se sent complètement abandonné de Dieu. Mais le plus fantastique, c'est
que le psalmiste s'adresse quand même à Dieu pour le lui dire. Dans le mon
Dieu, mon DieuŸ, il y a, en effet, une expression très forte de sa foi, malgré
sa condition insoutenable. Comme le Psalmiste, Jésus prononce cette parole en tant
qu'homme complètement abandonné et faisant scandaleusement qzuand même confiance
à Dieu.
Mais cette parole, ce n'est pas seulement l'homme absolument malheureux qui
la prononce sur la croix, c'est aussi celui que l'évangile de Marc ne cesse
de proclamer comme le Fils de Dieu. C'est Dieu, en d'autres termes, qui vient
prononcer la parole d'abandon, qui vient rejoindre les hommes qui sentent, dans leur
situation, Dieu infiniment lointain. Par la même occasion, l'image que l'on
se fait habituellement de Dieu, l'image que le Psalmiste se fait de Dieu, saute
complètement. Si Dieu lui-même vient prononcer le cri de la croix, alors on ne
pourra jamais plus le crier en signe de révolte contre un Dieu qui nous abandonnerait.
Car depuis le Golgotha et le cri de Jésus Fils de Dieu, la misère, le malheur
sont encore les lieux où Dieu vient me rencontrer. Je ne puis prononcer le début du psaume
22 qu'en le comprenant comme affirmation de confiance. L'accent porte alors
sur le Mon Dieu, mon Dieu Ÿ: Seigneur, malgré la radicalité de ma misère,
malgré mon sentiment d'abandon, je te prie, je te dis ce que je vis. Je te le
lis dans le cadre du dialogue confiant que nous entretenons. Je te le dis pour
te dire que je n'ai que l'impression de ton abandon, mais que je te sais tout
proche de moi. Cela ne m'empêche pas de te demander de changer radicalement
ma situation, de la transfigurer. C'est même parce que je sais que tu as partagé
le même sort que moi que je puis te dire tout cela et te demander avec confiance
de me permettre de supporter l'épreuve, de me permettre d'échapper à cette épreuve...Ÿ