Veillent-ils sur nous de là-haut ?

qui permette de fonder sérieusement le fait que les défunts puissent nous protéger
du haut du ciel. Plus encore: je ne vois pas comment ils pourraient le faire,
car pour la Bible les défunts ne sont pas "là-haut", dans une quelconque "demeure
céleste" au sens où ils seraient en un endroit plus ou moins défini. Tout cela
sent le la récupération par une bonne part du christianisme de la manière indo-européenne
de concevoir l'âme comme un élément éternel qui entrerait dans le corps à un moment
donné et le quitterait aux alentours de la mort pour aller rejoindre le domaine
des âmes dont elle est issue.
Dans le judaïsme de l'époque de Jésus et dans les christianismes primitifs,
on ne trouve rien de tel. Tout de l'homme meurt excepté son lien à Dieu, si
du moins ce lien était vrai, positif, confiant. Tout des croyants est dès lors
inscrit dans les livres de Dieu. On dirait aujourd'hui dans sa mémoire ineffaçable.
C'est à partir de ces informations que Dieu peut redonner corps sur un autre
plan de l'être à la lumière d'un autre soleil et quand et comme il le veut à
ces croyants qui sont comme recréé. Il existe bien entendu de nombreuses variantes
bibliques de ce schéma. Mais la persistance de quelque chose de nous après notre
trépas en un lieu quelconque ne peut être dérivé que de textes très marginaux
dans le Nouveau Testament.
Pourquoi par ailleurs faudrait-il confier aux défunts le soin de veiller sur
nous ? Cette tâche n'appartient-elle pas à Dieu? Il est un bien plus sûr gardien
de nos destinées que ceux qui nous ont aimés - de manière toujours limitée -
en ce bas monde. Il est toutefois important de ne pas négliger ces représentations
qui courent un peu partout - y compris chez des personnes ayant pris une distance
certaine à l'égard du christianisme. Les phrases que vous citez dénotent, en
effet, un souci de protection. C'est l'occasion non de se moquer de ceux qui les
profèrent, mais de leur affirmer notre certitude que rien ne peut nous séparer
de l'amour de Dieu, ni la vie, ni la mort, ni le présent, ni l'avenir etc. (Rm
8, 38ss