Où est la transcendance de l'Esprit?
Ce que vous appelez Esprit de Dieu, monsieur Juvet, qui fait "travailler" en
soi un texte, une idée, moi j'appelle ça l'inconscient ! Où est la transcendance
à laquelle l'Esprit devrait pouvoir prétendre ? Humain, trop humain, non ? Quelle
juste mesure inventer entre un Tout-Autre complètement hors de portée humaine
et l'Esprit de ce même Tout-Autre qui est notre propre essence, une émanation
de l'humain dans ce qu'il a de plus humain ? Merci pour votre réponse, monsieur
Juvet.
Vous posez une question pas facile. Essayons d'y réfléchir à "haute voix". Il
s'agit de comprendre la relation entre la Transcendance de l'Esprit et l'inconscient
humain.
Dieu, son Esprit, pour agir dans le monde, doit avoir un effet sur la matière.
Mieux, il ne peut agir qu'au moyen de/dans la matière, en l'occurence au moyen
de/dans ce qui constitue l'être humain. Je ne vois pas comment Dieu pourrait
inspirer le lecteur de la Bible autrement qu'à travers son inconscient qui travaille,
qu'à travers son intelligence, à travers de ses sentiments.
Dieu intervient dans le monde. Le Transcendant intervient dans l'immanence de
notre monde. Soit on refuse cette possibilité, et Dieu n'intervient jamais dans
le monde immanent. Et cette discussion est oiseuse.
Soit on admet que le Dieu transcendant peut agir dans le monde, et cela passe
nécessairement par le moyen des éléments de ce monde qui en sont parfois transformés,
bousculés. Je dis que l'intervention de Dieu ne signifie pas nécessairement
une rupture des lois de la nature. Je pense même que Dieu ne bouscule pas les lois
de la nature, mais qu'il s'y inscrit. Mon inconscient n'est pas violé, mais
infléchi par l'Esprit qui travaille en moi.
Mais alors, les miracles? Je n'y crois guère. Les récits bibliques sont des
récits qui datent d'après les événements, bien après. La traversée de la Mer
Rouge selon le film "Les 10 commandements" de Cecil B. de Mille oblige à comprendre
que cela ne s'est jamais passé ainsi. Que la traversée de la Mer des Joncs (nom
exact utilisé par la Bible) est un événement de libération de la menace des
poursuivants bien plus banal mais vécu comme un miracle, une intrevention de
Dieu. Et de fait, Dieu a infléchi quelque chose (la poursuite des chars) le peuple
a survécu et a traversé cette zone de marais qu'est la Mer des Joncs.
L'action de Dieu apparaît comme banale sur le moment, on ne la voit pas (sauf
exceptions), mais après coup, on relit le ou les événements et la foi y découvre
une action de Dieu.
Voilà ce que je peux en dire. Mais j'admets que ma réponse est partielle et
provisoire. Si vous désirez relancer par une autre question, ce sera avec plaisir.