La foi implique-t-elle une théocratie ?

Je ne milite nullement pour l'instauration d'une théocratie au plan de la société.
Toutes les tentatives en ce sens au cours de l'histoire ont fini en dictatures.
Mais vous avez raison, je définis la foi chrétienne comme une théocratie au
plan de l'individu que je suis. Etre chrétien, c'est, en effet, laisser à Dieu tout
le pouvoir sur ma vie. Plus exactement, c'est laisser Dieu régner en moi d'abord
(Le règne de Dieu ne vient, en effet, pas comme un fait observable, il est en
vous, dit Jésus, cf. Lc 17,20s.). Et si jamais tous les humains étaient croyants
de cette manière, alors le pouvoir de Dieu serait une réalité sur l'entier de
la société. Il nous faut donc militer fondamentalement pour la conversion des
coeurs, non pour l'instauration d'un nouveau système politique.

Qu'est-ce qui donc me retiens de militer pour une théocratie ? 1. Le fait que
même croyant, l'humain reste à mon sens pécheur (simultanément juste et pécheur
disaient les réformateurs). Donc, même dans une communauté de purs, de convertis,
de personnes ayant donné leur vie à Dieu, on doit supposer que des luttes de pouvoir,
d'influences ou simplement des différences d'interprétation se feront jour dans
lesquelles ce ne sera plus Dieu qui règnera, mais le Moi de tel ou tel. 2. Le
fait que l'on ne peut absolument pas imposer à qui que ce soit la foi ou une théocratie
sur sa personne. Donc on ne peut pas attendre de tous les humains qu'ils soient
croyants. Ce serait du reste contradictoire avec ce qu'offre ce pouvoir de Dieu
sur mon intériorité: une libération. Or on ne peut contraindre à la liberté. 3. Les
chrétiens ne peuvent pas s'isoler du monde pour y créer une succursale du royaume.
Leur place est dans le monde où ils ont à être des témoins, à militer.