La foi, une expérience ?
raisons de cette invention de leur esprit.".
Ma question, détaillée, est la suivante : Souvent j'ai la même conclusion qui
saute à mes yeux ; des gens ne croient pas, ou cessent de croire, car ils pensent
être bernés par la masse, par le mouvement chrétien. Dans cet etat d'esprit,
votre phrase pourrait nous être retournée : [...]il n'y aucune preuve rationnelle
de l'existence de Dieu, Jésus ou de l'Esprit Saint... La raison doit chercher
dans la psychologie de ceux qui "croient" à ces choses des raisons de cette
invention de leur esprit."
Comment y répondre ??? En vivant ma vie du mieux que je puis à la lumière de
ce que le Christ a (ou aurait dit) je vois bien les effets positif, mais est-ce
la une réponse suffisante pour les autres qui cherche la preuve scientifique
ou plutôt psychanalyse le pourquoi du comment qui fait qu'untel croit ou non ?
Merci de relancer cette question qu?on nous adresse effectivement très souvent
de manière explicite ou implicite. Je regrette seulement que vous n'ayez pas
cité en entier la première phrase que vous mentionnez. Elle disait: "Cependant,
quand on parle d'"expérience", on est en droit d'user de cette arme que Dieu a mise
à notre disposition: notre raison". Je voulais dire que quand ceux qui croient
à l'existence de fantômes, d'esprits et de revenants parlent de l'expérience
qu'ils en ont eue, alors on est en droit d'user de notre raison.
Quant à nous chrétiens, je crois qu'il ne faut justement pas arguer de notre
"expérience" de Dieu, du Saint-Esprit. Si on fait de la foi une expérience,
on doit pouvoir rendre compte de quelque chose d'évident sur lequel la raison
peut se prononcer. Or cela est absolument impossible. La foi est pour moi, non
une expérience, mais une manière - parmi d'autres - de comprendre ma vie basée
sur une décision dont je ne puis pas rendre rationnellement compte. Cette manière
de vivre réinterprète les expériences que je fais. Elle n'est donc pas déconnectée
de ma vie expérientielle. Cette compréhension de moi-même doit aussi pouvoir
défendre sa respectabilité face à d'autres compréhensions de soi qui traînent
dans la noosphère. Mais fondamentalement je ne puis rendre compte de cette folie
qu'est ma foi répondant à la folie de Dieu qui se fait homme, meurt de la mort
la plus abominable qui fut pour gracieusement m'offrir une vie qui vaut la peine
d'être vécue.
Il y a certes des cas où un désordre psychique peut expliquer l'adhésion de
tel ou telle à la foi chrétienne. En général celle-ci sera une compréhension
de soi assez bizarre... Mais je dénie personnellement à la psychologie et plus
encore à la psychanalyse la capacité d'expliquer le pourquoi du comment qui fait que je
suis devenu croyant ou la raison qui fait que tel sceptique est sceptique, tel
athée, athée... Il y a là une décision qui - heureusement - relève de notre
liberté. Elle est du niveau de la volonté, non de l'expérience. Demandons à nos
interlocuteurs qui veulent tout expliquer de faire preuve d'esprit critique
à l'égard de leur foi en la raison. Mon ... "expérience" en la matière revient
à inviter mes interlocuteurs contestataires à adopter l'attitude du scepticisme
philosophique. Celui-ci s'allie parfaitement avec la foi chrétienne et remet
la raison à sa juste place.