Participer ?

Participer ?

Rechercher dans 5076 réponses...

Suivez-nous !

Temps plein et temps humain

10.06.2004 Thème : Théologie et Philosophie Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Denis KraegeJean-Denis Kraege

Suite de ma question du 7 juin et de la réponse de M. Jean Denis Kraege.

Merci de votre réponse, M. Kraege. Pardonner moi de prolonger encore la discussion,
mai le sujet m'intéresse.

En effet, j'ai mentionné un éventuel axe du temps dans la Bible, qui ne semble
pas toujours évident à suivre.

Les thèmes de "retour" de Jésus, de "fin du monde" et d'Apocalypse, de vie "éternelle"
ont été abordé, thème qui ne sont peutêtre pas lié à un avant et à un après,
mais à une autre notion?

Autre exemple, "Dieu vous a aimé dés le commencement" (je ne sais plus exactements
à quelles épitres). Il y a la notion d'Amour et de commencement, de début, mais
aussi d'Amour "universel" et "intemporel", etc.

Merci pour vos commentaires

Arthur
Cher Arthur,
Vous avez bien saisi qu'il y a tout un problème avec la temporalité dans la
Bible. Nombreux sont ses passages où l'éternité de Dieu fait irruption dans
le temps de hommes. C'est centralement le cas en Jésus-Christ. Quand Jésus
affirme face aux Juifs moqueurs à propos de son autorité divine : Avant qu'Abraham
fût, Je SuisŸ (Jn 8,58), il affirme qu'il est l'incarnation de Dieu, donc de
l'éternité dans le temps. Dans la mesure où en lui la plénitude est déjà réalité,
il participe à une temporalité radicalement différente de la nôtre dans laquelle il
est avant tout les avant et après tous les aprèsŸ. N'est-ce pas aussi ce que
l'Apocalypse (1,8) affirme de Dieu : Je suis l'Alpha et l'Omega, celui qui
est, qui était et qui vient, le tout-puissantŸ ?
A la suite du théologien et philosophe danois S.Kierkegaard, on qualifie parfois
ces lieux de tangence du temps et de l'éternité : instants eschatologiquesŸ.
Ce sont des instants de temps plein (= éternité) au sein du temps en constante
dissolution et évanescence qu'est le temps des humains. Ces instants de temps
plein viennent mettre temporairement fin au temps des humains qui est vide et
lâche. Ils en représentent une radicale contestation. En ce sens, ces instants
sont la fin des temps. Ils sont eschatologiquesŸ.
Ces instants de plénitude sont donc sous un certain aspect du présent éternel.
Sous un autre, ils sont, en ce monde-ci, en ce temps-ci, voués à disparaître
dans l'instant suivant. Il leur faut - grâce à Dieu - resurgir constamment dans
de nouveau instants. Ce n'est que lorsque ce monde prendra définitivement fin que nous
pouvons espérer vivre ce temps plein sans interruption.
Je vous ai, de fait, parlé jusqu'ici de ce que j'entends par vie éternelleŸ.
Le retour de Jésus aussi doit être recompris en fonction de cette dialectique
du temps plein et du temps vide, de l'éternité et du temps ou encore du déjàŸ
et du ne pas encoreŸ. Jésus revient à chaque fois qu'il est annoncé, que sa bonne
nouvelle est proclamée. Simultanément, il n'est pas encore en plénitude présent.
De même, le mondeŸ a déjà pris fin depuis 2000 ans et il est toujours en train
de céder la place à un monde nouveau bien que ce monde nouveau ne soit pas encore
advenu dans un réel continuum.
Vous avez encore raison quand vous relisez l'idée de commencementŸ dans les
termes de la plénitude des temps ou de l'éternité. Peut-être faites-vous allusion
à Col 1,15ss.? Un amour qui existe dès le commencement est bien universel, intemporel.
Plus encore, il est incorruptible, absolu et on peut toujours compter sur lui (cf.
Rm 8, 35ss.).



Aucun commentaire

  •