Le pardon en vaut-il la peine ?
'pardon'; dans l'histoire que vous racontez, lorsque l'honnête homme a pardonné,
il a en quelque sorte 'oublié' le coup tordu que l'autre lui avait fait ...
la fin de l'histoire m'oblige à penser que dans cette situation cela n'a effectivement
servi à rien !
Mais est-ce que pardonner implique vraiment qu'il faille oublier tout ce qu'une
autre personne nous a fait ? Je ne le pense pas. Le pardon n'implique pas la
naïveté (je m'excuse envers l'honnête homme de votre histoire !): au contraire,
je pense que le pardon véritable va de pair avec une conscience claire des risques
encourus.
Si je fais un peu d'étymologie de cuisine, 'par-donner' veut dire 'donner à
travers' ou 'donner au-delà': être prêt à donner malgré des éléments que l'on
sait contraire. Donner en ayant la conscience qu'on pourrait se faire avoir,
et tout en l'acceptant montrer à l'autre qu'on lui donne une chance d'agir différemment.
Dans le pardon, c'est ma capacité d'aimer qui s'exerce de manière très profonde.
Je pardonne parce que j'aime (quelqu'un) malgré tous les défauts que je peux
(lui) trouver et dont j'ai conscience.
Mais à partir du moment où le défaut m'est insupportable au point que je ne
peux plus accepter la personne telle qu'elle est, alors je ne suis pas dans
une démarche de pardon.
Notez que je parle d'être et non de faire. Le pardon, à mon avis, a pour objet
l'être d'une personne. il y a certaines choses que je n'accepte pas que quelqu'un
fasse, mais cela ne change rien à mon amour pour ce qu'est la personne. Peut-être
que l'exemple de l'amour que des parents ont pour leurs enfants peut convenir pour expliquer
cette différence. Je n'aime pas tout ce que mes enfants font: des bêtises, souvent
! Mais je les aime, très fort, indépendamment de tout ce qu'ils peuvent faire.
Oui, je crois que pardonner vaut la peine: peut-être pas pour celui qui ne comprend
pas la profondeur de cette démarche, mais en tout cas pour celui qui sait pardonner.
Vous avez raconté votre histoire d'un point de vue extérieur: mais avez-vous
posé votre question directement à l'honnête homme ?