Peut-on attribuer à Dieu les malheurs du monde ?

J'ai lu les diverses questions et réponses apparues sur ce site en lien avec
les tragiques événements de ces derniers jours dans le Sud-Est Asiatique. J'y
suis très sensible d'autant plus que l'une de mes collègues et son fils ont
été emportés par ces vagues meurtrières. Dans une certaine mesure je peux comprendre
ce qu'essaie de dire le pasteur Kraege si je prends en compte le fait que tout
événement dans nos vies, heureux ou malheureux, peuvent nous interpeller profondément,
spirituellement, sur le sens de nos vies, sur la fragilité de notre existence et
ainsi modifier nos regards et nos choix en fonction de ces questions. Ceci
dit je constate que pour beaucoup sa manière d'en parler entraîne de l'incompréhension,
de la révolte et de la colère et induit un dialogue de sourds!
En ce qui me concerne, je crois que la manière de parler et de voir le monde,
de parler de Dieu et de son action n'était pas la même au temps des auteurs
bibliques qu'aujourd'hui. Leur manière d'évoquer le fait qu'il appelait son
peuple ou des personnes à considérer leurs choix de vie au travers de certains
événements, parfois tragiques, ne signifiait pas pour autant qu'il y avait un
lieu de cause à effet (Descartes n'était pas encore passé par là !). Si les
habitants de la ville étaient déportés et que certains d'entre eux interprétaient
cet événement en disant que Dieu avait envoyé ce fléau pour les faire revenir
à lui, cela ne voulait pas pour autant dire que c'est ce que Dieu pouvait ou
voulait faire.
Le Dieu auquel je crois nous a révélé son vrai visage dans l'enfant de Noël
qui meurt sur une croix en donnant sa vie pour celles et ceux qu'il aime. Il
me fait comprendre ainsi que sa seule puissance est celle de l'amour. Ce qui
signifie qu'il n'est pas le Dieu tout-puissant que j'imagine et que sa manière
d'être présent dans les malheurs et les souffrances du monde n'est pas dans
les causes qui les provoquent mais dans une profonde compassion à la souffrance,
à la douleur et aux questionnements de celles et ceux qui en sont les victimes.
Cela peut paraître dérisoire et terriblement déconstruire nos images de Dieu.
Peut-être, mais je sais que pour moi c'est un puissant levier pour vivre des
solidarités et des combats contre les injustices, les violences et les forces
destructrices qui sont les zones obscures de la vie. Et parfois aussi d'avoir le
courage de dénoncer ceux qui en sont la cause, c'est-à-dire les volontés de
puissance ou les imprévoyances des pouvoirs humains et non pas Dieu.