Comment aider quelqu'un qui ne voit plus de sens à sa vie?

Bonjour et merci encore pour votre site .
Médecin généraliste , je suis bien sûr souvent confronté aux deuils de mes patients.
Dernièrement une patiente manifestement non croyante a perdu son fils célibataire ,schizophrène,
de 42 ans d'un cancer du poumon . Elle a perdu son mari d'une insuffisance
rénale voici 4 ans. Comment l'aider quand elle me dit : "à quoi bon vivre quand
quoiqu'il arrive, quoiqu'on face la mort est au bout du chemin?"
Sa question la concerne elle, ses petits enfants ado qui "dépriment" également
suite au décès de leur oncle mais aussi l'être humain en général.
Merci de votre aide
Alea
Cher Alea,
J'aimerais dire d'abord que votre question m'a touché...On ne se rend pas toujours
compte du poids "affectif" qu'un médecin doit porter, lui qui côtoye plus que
de raison de nombreuses souffrances.
Vous dire aussi qu'il n'y a pas de réponses générales, ni de "conseils" à appliquer
dans tous les cas, nous sommes là au coeur d'une relation d'aide et toute relation
est personnelle.
Toutefois, osons aller plus loin; je crois que votre question montre que vous
éprouvez beaucoup de compassion pour cette personne, qui est plus pour vous
qu'une simple patiente avec un ou deux symptômes, mais réellement une personne.
Je suis certain que cette attitude compassionnelle peut déjà beaucoup aider:
votre patiente se trouve face à quelqu'un qui ne la juge pas, qui comprend sa
détresse, qui ne cherche pas de consolations trop rapides, qui se met à l'écoute,
et qui ne reste pas dans une attitude de "froideur" professionelle, mais qui
"ressent en profondeur son désarroi". C'est déjà beaucoup! Peut-être pouvez-vous
réfléchir à ce que cette souffrance réveille en vous, car si vous posez cette
question, c'est que ous êtes d'une certaine manière "concerné" et alors aussi essayer
de discerner ce qui, vous, vous fait vivre, ce qui vous permet de tenir dans
les épreuves, ce qui donne sens à votre vie...Non pas bien sûr pour donner à
cette personne des recettes, mais pour encore mieux vivre cette compassion, porté par
une espérance.
Peut-être pourra-t-elle découvrir que quand quelqu'un l'écoute ainsi, il y a
quelque chose de l'ordre du respect qui passe, qu'elle est entendue dans ce
qu'elle vit, et se mettre alors à trouver, par elle-même, un "sens" à ces moments
d'échange et de partage.
Mais je dois avouer que devant de telles destinées, je me sens aussi désemparé
que vous.
Je ne sais pas si cette réponse a pu vous aider, mais je vous souhaite d'être
toujours aussi humain et attentif face à vos patients.