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Doit-on avoir peur des peines éternelles?

16.03.2006 Thème : Vie, mort et après Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz
s le récent petit livre de l'Abbé Pierre (Mon Dieu...pourquoi?) qui est un
véritable testament spirituel, il dit que plus il médite sur le mystère de Dieu
Amour, plus il est persuadé qu'il est impossible qu'une personne -ange ou être
humain- plongé dans la pleine vision de Dieu puisse librement Le rejeter. Il précise
que la prédication chrétienne a souvent utilisé la peur de l'enfer pour convertir
les âmes mais que rien ne permet d'affirmer que l'enfer existe, ou bien, ce
qui revient au même, qu'il y ait un seul damné dedans. Quelle est votre position,
objectivement? Ma question ne consiste nullement à juger l'avis de l'abbé Pierre.
Doit-on avoir peur des peines éternelles? Si ce n'est pas pour soi-même, alors
parfois pour certains de nos proches qui ne reconnaissent pas Jésus-Christ qui
leur est pourtant annoncé...
Quant est-il du choix à faire avant de mourir après quoi vient le Jugement?
Merci par avance de votre réponse. Fraternels messages.
Cher Tètè,

J'aimerais d'abord répondre avec une parole de Jésus dans l'évangile : "N'ayez
pas peur" ou avec ces mots de la 1° épître de Jean: "L'amour parfait bannit
la crainte, car la crainte implique un châtiment; et celui qui craint n'est
pas accompli dans l'amour." Venant après l'affirmation :"Nous avons pleine assurance
pour le jour du jugement".
Vous me direz que je ne parle là que des croyants et que je n'ai pas répondu
à votre question au sujet du sort de nos proches qui ne reconnaissent pas Jésus-
Christ. Je pense qu'il ne peut y avoir de réponse "objective" à cette question.
L'Eglise, et là l'Abbé Pierre a raison, a trop joué sur une "pastorale de la
peur" (cf. les excellents livres de Delumeau à ce sujet) pour retenir les gens
dans son giron, au lieu d'annoncer la Bonne Nouvelle (Evangile) de l'Amour et
de la grâce de Dieu. C'est de cette Bonne Nouvelle et de cette espérance que
nous sommes invités à témoigner en paroles et en actes autour de nous, non pour
faire peur, mais pour faire entrer dans cette confiance qui "bannit toute crainte",
voilà le message dirigé à l'extérieur...
Il est vrai qu'il y a dans l'évangile et dans le Nouveau Testament en général
des textes évoquant le jugement et la "géhenne"; je ne crois pas qu'ils donnent
une image "objective" de l'après-mort, ils sont là comme un aiguillon pour les
croyants, afin que nous ne nous reposions pas sur "une grâce à bon marché" pour
reprendre l'expression de Bonhoeffer. En fait, ils n'ont pas un but descriptif,
mais exhortatif: ce qui intéresse ces textes, ce n'est pas l'après-mort, mais
la vie d'ici-bas; ils veulent nous pousser à agir en cohérence avec notre foi
(cf. notamment Mt 25, la "parabole du Jugement dernier qui n' est pas une description
de la géhenne mais un appel à vivre la relation avec les plus petits de nos
frères et soeurs). Ces textes d'exhortation me concernent, moi lecteur croyant;
ils me permettent de me remettre en question, mais ils ne m'autorisent pas à
regarder à gauche et à droite pour spéculer sur le sort des autres. Une telle
démarche m'est interdite, car c'est le secret de Dieu Seul.
Quant à nous, dans notre relation aux autres, nous ne pouvons que prier et "espérer
pour tous" selon le titre d'un excellent petit livre du théologien catholique
Hans Urs von Balthasar sur ce sujet que je vous recommande vivement si vous
désirez poursuivre votre réflexion.



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