Faut-il se réconcilier avant de pouvoir prier ?

utiliser la prière à Dieu, puisque il faut préalablement faire la démarche de
réconciliation auprès d'une personne humaine.
Alors, la prière à Dieu, oui, la communion plutôt que la prière aux saints,
ok, mais comment cela se passe-t-il pour ceux contre lesquels nous nous disputons,
et avec lesquels nous ne savons pas nous réconcilier ? La prière vers eux est-elle
jouable ?... Après Paul et les saints, David et Saûl ?
Cher Sinté,
Vous avez raison de trouver piégée l'expression "en Christ"; ce que je voulais
dire par là dans ma réponse précédente est simplement que le Christ (ou Dieu)
intervient comme un "tiers inclus" dans toute relation forte avec autrui: je
ne suis pas seulement dans le face à face (amical ou hostile), mais je suis invité à
vivre cette relation en me reliant à Dieu et en reliant l'autre en face de moi
à ce même Dieu. Devant ce Père commun, nous pouvons alors nous trouver frères
(pour reprendre une image souvent employée dans le NT).
Je rebondis à partir de cela sur votre question, celle de la réconciliation
comme préalable à la prière. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un "ou bien ...ou
bien". Dans le passage que vous citez, qui appartient au Sermon sur la Montagne,
Mt 5, 23-25): il est question non pas de prière, mais d'offrande devant l'autel,
donc de la liturgie communautaire. Comment célébrer cette liturgie si un frère
a qch contre nous, si donc nous l'avons lésé ou déshonoré? On ne peut honorer
Dieu tout en déshonorant notre frère, semble dire Jésus. Quand nous sommes l'offenseur,
alors il nous faut
tout faire pour "regagner notre frère" afin de rendre un culte authentique à
Dieu, notre Père commun.
Mais Jésus invite aussi à "prier pour nos ennnemis, pour ceux qui nous persécutent".
Quand nous sommes offensés, nous sommes invités à présenter notre offenseur
dans la prière, à inclure Dieu dans cette relation, ce qui peut nous éviter
la vengeance! Essayer de voir ce frère offensant avec les yeux d'Amour de Dieu...
Ce n'est pas facile, mais c'est ce qu'a vécu Jésus.
Mais la plupart du temps, dans nos relations, tout n'est pas clair, il est rare
que nous ne soyons que l'offenseur ou que l'offensé! Il y a mélange, incompréhension,
qui font que nous faisons du mal à autrui parce que nous nous sentons victimes
nous-mêmes...Dans ces cas-là, les deux chemins sont à accomplir: aller trouver l'autre
pour tenter la réconciliation (et entreprendre une démarche de pardon) et la
prière pour placer autrui (et se placer) sous le regard de Dieu.
Mais pour se réconcilier, il faut être deux: l'autre peut aussi s'enfermer dans
son ressentiment, et c'est son droit : Paul est très humain, quand il dit dans
l'épître aux Romains (12, 18): "S'il est possible, et dans la mesure où cela
dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes". Quand l'autre refuse notre
démarche, alors il reste toujours la prière pour lui, la remise à Dieu de cette
situation, pour continuer notre chemin sans rancoeur.