Que chercher en priorité?

ça veut dire quoi concrètement aujourd'hui? Comment l'expliquer à nos contemporains
sans moraliser ni prêcher l'insouciance?
Tomber dans le moralisme ou en appeler à l’insouciance, vous l’avez bien vu,
seraient des lectures contestables de ce passage de l’évangile selon Matthieu.
La lecture moralisante prône le mépris du corps, de ces besoins vitaux que sont
la nourriture, la boisson, le vêtement. Au risque d’introduire un dualisme,
une séparation entre le corps et l’esprit, étrangers à l’Evangile. Quant à la
lecture insoucianteŸ, elle induirait une vision passive de l’existence, dans laquelle
l’être humain attendrait que Dieu lui fournisse tout ce dont il a besoin.
Les oiseaux ne sont pas cités pour leur insouciance ou leur passivité. Au contraire,
regardons les aller et venir, ils cherchent leur nourriture et la trouvent autour
d’eux. A combien plus forte raison, l’homme trouvera-t-il de quoi se nourrir
et se vêtir dans le monde riche et fécond que Dieu lui a confié. C’est une invitation
à la confiance, mais non à l’inaction. (Cette paisible confiance dans le Créateur
ne manque pas d’interpeller quand tant de gens ne mangent pas à leur faim. Mais
c’est la solidarité qui est malade, pas la capacité de la terre à nourrir l’humanité).
Satisfaire les besoins vitaux est nécessaire; Dieu le sait (v.32). Ce qui coinceŸ,
c’est quand la recherche de cette satisfaction devient la première préoccupation
de l’être humain, alimentant son inquiétude et son angoisse personnelles. On
n’en prolonge pas pour autant sa vie (v.27) et tout le monde le fait (v.31 – 32).
La réflexion ne manque pas de piquant dans une société qui laisse entendre que
la vraie vie c’est de posséder et de consommer.
Ce passage comprend un verbe décisif aux versets 32 et 33, chercherŸ. La question
centrale du texte est celle de la recherche de l’essentiel. Que cherchons-nous
d’abord dans la vie? Que considérons-nous comme essentiel?
Après avoir fait droit à la satisfaction des besoins vitaux, Jésus met en évidence
l’essentiel: chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice. Voilà ce qui
donne sens à la vie, voilà ce qui est le propre du croyant. Ce terme de justiceŸ
apparaît dans les Béatitudes (5,6 et 5,10). Il faut l’entendre comme l’engagement
du croyant, découlant de la proximité de Dieu en Jésus. Ces textes appartiennent
au Sermon sur la Montagne. Ce grand discours de Jésus trace le chemin de la
vie du croyant. Ne prenons qu’un exemple, le verset qui précède notre texte, l’appel
à servir Dieu seul.
Chercher le Royaume et sa justice signifie mettre au coeur de sa vie, en priorité,
le service de Dieu et d’autrui.