Est-ce que Marie et Joseph se sont mariés ou non?

Les traditions sociales de l'auteur de l'Évangile de Mathieu sont bien éloignées
de celles dans lesquelles nous vivons en Occident aujourd'hui. Pour comprendre
ce verset, il faut s'approcher du code légal et social du début de notre ère.
Le milieu juif dans lequel est ancré l'Évangile de Mathieu observait des lois
très rigoureuses en ce qui concerne les relations hommes-femmes. Avant de mener
leur vie conjugale, les jeunes gens se promettaient en mariage. Durant cette
période de fiançailles Ÿ, ils étaient considérés comme des époux, ce qui impliquait
une fidélité absolue. Seule la répudiation pouvait les dégager de leurs liens.
À cette époque, trois délits étaient passibles de la peine de mort : le meurtre,
l'adultère et le vol. Un (e) fiancé (e) ayant des relations sexuelles avec un
(e) autre partenaire que sa (son) fiancé (e) était considéré comme adultère.
Il (elle) était passible de la peine de mort. On trouve des textes intéressants,
notamment à partir de Deutéronome 22,13 qui contiennent un code de prescription
et de droit pénal qui traite des délits et crimes en matière de relations sexuelles
pour la femme. On voit en Dt 22, 22-24 par exemple, que lorsqu'une femme mariée
ou une fiancée commet un adultère, l'homme aussi bien que la femme sont tués
par lapidation aux portes de la ville.
Pour revenir à l'Évangile de Mathieu, le fait que Marie soit enceinte suggère
qu'elle a commis un adultère. Étant fiancée à Joseph, il pense vraisemblablement
à répudier secrètement Marie pour lui faire échapper à la peine de mort. Il
devait être inconcevable pour un juif de cette époque d'épouser une femme qui aurait
eu des relations sexuelles avec un autre.
La traduction du début du verset 19 nous dit Joseph, son époux, ... Ÿ La traduction
son époux Ÿ provient d'un terme grec qui signifie aussi bien l'homme adulte,
le mari ou le fiancé. La traduction Joseph, son homme... Ÿ rendrait mieux
compte de la nuance.