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Différence entre le textue recetue et le texte de la Nestlé-Aland

Chaya 11.02.2008 Thème : Bible: ce que disent les textes Bookmark and Share
Réponse de :


Voici une réponse adressée par le Professeur Frédéric Amsler UNI Lausanne

 

Le texte du Nouveau Testament est connu par plus de 5'000
manuscrits. A l’exception de quelques dizaines de
témoins, ils attestent tous le même texte, le textus
receptus, (le texte reçu) qui est le texte byzantin
normalisé. C’est ce texte qu’a édité Erasme à la
hâte et sur la base de quelques manuscrits en 1516 et qui
est aussi devenu, pour des raisons peut-être plus
théologiques que philologiques, le texte reçu dans les
Eglises occidentales jusqu’au XIXe siècle. Le textus
receptus manifeste une tendance à aplanir les
difficultés, qu’elles soient de nature grammaticale,
stylistiques ou doctrinale.
Dès le XVIIIe siècle, la critique biblique a découvert
qu’il y avait d’autres formes du texte du Nouveau
Testament que le textus receptus et probablement plus
anciennes que lui. Aujourd’hui, la critique dénombre au
moins trois autres formes textuelle (égyptienne,
occidentale, palestinienne ou césaréenne) à côté
du texte antiochien ou syro-byzantin qui deviendra le textus
receptus. A ma connaissance, il n’y a pas de table des
différences entre le textus receptus et le texte du
Nestle-Aland, mais il doit certainement en exister, au moins
partielles, dans des éditions du Nouveau Testament du XIXe
siècle ou des ouvrages plus récents de critique
textuelle.

Votre question pose un problème de fond qui divise les
éditeurs de textes anciens
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_textuelle, dans un
français très approximatif !).
Certains éditeurs pratiquent la méthode dite «
éclectique » qui consiste à choisir, pour chaque lieu
variant, la leçon qui paraît la plus ancienne.
D’autres éditeurs estiment que cette méthode conduit
à produire un texte hypothétique qui n’a jamais
existé comme tel et préfèrent, par conséquent,
choisir un témoin qu’ils suivent scrupuleusement en
indiquant en notes les variantes. Le problème de cette
méthode, dite du texte de référence, est qu’il est
souvent impossible de déterminer quel est le manuscrit «
meilleur » que les autres et selon quels critères, car
le « meilleur » manuscrit, l’original, est toujours
perdu, comme d’ailleurs sauf exception ses proches
descendants. En outre, tout manuscrit étant une œuvre
humaine, il contient des erreurs. Par conséquent, le
lecteur est souvent obligé d’aller chercher dans les
notes les bonnes leçons.
On parvient à réduire en partie les inconvénients des
deux approches par la méthode « stemmatique », qui
consiste à élaborer une généalogie générale des
manuscrits disponibles, puis, à partir d’une
appréciation plus qualitative que quantitative des
manuscrits, à tenter de reconstituer le modèle unique,
l’archétype, selon la méthode éclectique ou à le
retrouver avec la méthode du texte de référence.
Cette « guerre » des méthodes, comme vous
l’indiquez, se prolonge sur le plan doctrinal. Faut-il
préférer un texte reconstitué, donc hypothétique,
mais qui vise l’ancienneté ou un texte qui a existé,
traditionnel, mais fautif et dont on est sûr, sauf cas
exceptionnel, qu’il n’est pas archaïque ?
Les partisans du texte de référence auront beau jeu de
reprocher aux adeptes de la méthode éclectique de
fabriquer un texte qui les arrange et les partisans de la
méthode éclectique aux défenseurs du texte de
référence de choisir un texte qui les conforte dans leur
tradition.
On peut tenter de sortir de ce dilemme réducteur en
rappelant que le Nestle-Aland n’est pas arbitrairement
éclectique, mais procède selon la méthode stemmatique,
puisqu’il se fonde sur une théorie générale des
formes textuelles du Nouveau Testament. La critique qu’il
est permis d’adresser au Nestle-Aland est qu’il
privilégie nettement le texte égyptien, frisant parfois,
ironie du sort, la méthode dite du texte de référence.
Autrement dit, le débat dont vous faites état me
paraît mal posé. L’opposition est moins entre la
méthode éclectique et celle du texte de référence,
qu’entre le texte égyptien et le texte byzantin. Et il
ne faudrait pas oublier les ardents défenseurs français
du texte occidental.
Quant aux réformateurs, il est vrai qu’ils ont utilisé
le textus receptus, mais tout simplement parce qu’ils
n’avaient pas d’autre choix. Cependant tous leurs
efforts de traduction et d’interprétation des textes
s’inscrivent dans le mouvement de retour aux sources
préconisé par l’humanisme, c’est-à-dire dans une
démarche philologique critique. Par conséquent, le
Nestle-Aland n’est pas une trahison de la pensée
réformée, mais son développement naturel.



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