Beaucoup d'appelés, peu d'élus ?
Cela fait suite à la parabole du roi qui aprés avoir obligé les gens à venir au festin donné pour la noce de son fils exclut celui qui ne porte pas de vêtements de noce.
Porter ce vetement constitue-t-il une oeuvre nécessaire au salut?
Quelle difference y a-t-il entre être appelé et être élu ? Y a-t-il plusieurs degrés dans le salut? Le salut est-il reservé à quelques "chouchous de Dieu"
Il convient d’abord de ne pas sortir ce verset de son contexte : l’évangile de Matthieu. Le problème que cherche à résoudre cet évangile, c’est de faire prendre conscience à des pagano-chrétiens des années 80-90 ce à quoi engage le fait d’appartenir à l’église du roi. Ils ont été appelés. Ils sont croyants. Ils n’arrivent pas à saisir ce que signifie la mise en œuvre de leur foi dans leur vie et dans le monde. Matthieu développe dès lors pour ses lecteurs ce que signifie « faire la justice de Dieu ».
Les invités aux noces se savent invités par le roi. Ils savent qu’ils ont de la valeur à ses yeux. Ils n’arrivent pourtant pas à en faire quelque chose dans leur vie (accepter l'invitation, revêtir l'habit de noce). Il y a un fossé entre ce qu’ils savent et ce qu’ils vivent. Matthieu fait allusion au peuple juif qui s’est détourné de Celui qui l’avait pourtant choisi, qui a tué ses prophètes... Cette parabole peut toutefois s’appliquer à chacune de nos vies. Car qui met vraiment en œuvre ce qu’il a reçu de Dieu ?
Reste que l’expression finale est difficilement compréhensible. Si on est appelé, en quoi n’est-on pas élu (cf. Rm 8.30)? Il faut dire qu’il y a un jeu de mots en grec entre les klétoi et les eklektoi, les « appelés » et les « élus ». Faut-il le comprendre dans le sens où nous sommes tous appelés, mais ne répondons pas tous à cet appel par l’entier de notre vie ? C’est ce qui semble le plus aller dans le sens et de l’évangile de Matthieu et de cette parabole. Cela en tous les cas me paraît meilleur que l’interprétation qui veut que tous ceux qui sont appelés extérieurement ne peuvent pas répondre à cet appel parce que seulement certains seraient choisis « intérieurement » par Dieu pour être comptés au rang des justes et des « sauvés ». C’est là la position de Calvin (Institution III,XXIV,8). Reste que ce verset n’est pas clair !