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Comment expliquer la mort de Jésus?

Chaya 10.02.2009 Thème : Jésus Bookmark and Share
Réponse de : Heinz BirchmeierHeinz Birchmeier

Bonjour chaya

Il  me semble que nous avons déjà eu un échange sur cette question de l’ « atonement »,  c'est-à-dire de l’expiation pour expliquer la mort de Jésus.  Cette interprétation sacrificielle de la mort de Jésus, je la vois comme la construction théologique la plus monstrueuse de tous les temps, qui depuis des siècles a durablement faussé et hypothéqué le message chrétien et donné une image aberrante de Dieu. Je vous invite (encore une fois ?) à tordre définitivement le cou à cette aberration anselmienne.

L’explication qui a été pour moi une révélation est celle de René Girard dans son livre « Des choses cachées depuis la fondation du monde », dans la partie consacrée à «l ‘écriture judéo-chrétienne ». Sa thèse est que depuis la nuit des temps, le groupes humains, pour survivre, on toujours résolu leurs conflits en en rendant responsable un innocent, dont la mort « sacrificielle » devait ramener la paix.  Le cas de Jésus est emblématique de ce mécanisme pervers. Le message de Jésus menaçait l’ « establishment » juif et ses privilèges. D’autre part le gouverneur romain Pilate craignait  une déstabilisation menaçant la « pax romana » en Israël. Ces deux forces se sont entendues pour charger et condamner un innocent.  Jésus savait qu’l risquait sa vie en allant jusqu’au bout de sa mission, celle de rétablir la vérité de la loi de Dieu. Mais l’innocent sur la mort duquel on s’était entendu n’était pas n’importe quel innocent, il était l’Innocent par excellence, à tel point que sa mort scandaleuse va une fois pour toutes démasquer le stratagème séculaire du « bouc émissaire », celui dont qu’on chargeait de la responsabilité du malheur. Il y aura certes toujours encore des boucs émissaires, mais désormais le mécanisme victimaire et dévoilé pour ce qu’il est : un mensonge. Faut-il citer comme exemple la shoah, le sort tragique des juifs qu’on avait rendus responsables de tous les malheurs comme prétexte pour les exterminer ?

Ainsi, la mort innocente de Jésus a révélé la violence pour ce qu’elle est, et dévoilé aux yeux de tous le mécanisme caché depuis la nuit des temps, de la victimisation d’innocents. On peut dire que la mort de Jésus a marqué la fin de la sacralisation de la violence.



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