Comment expliquer la mort de Jésus?
c'est de nouveau moi.
Depuis un moment, je cherche à comprendre la mort de Jésus. Les théories que j'entends (ou lis, et qui passent toujours plus ou moins par Anselme) me laissent toujours un goût un peu amer, et une image d'un Dieu terrifiant et offensé par nos péchés, ayant besoin d'un sacrifice sanglant pour que son courroux soit apaisé. Tout cela me donne l'image d'un Dieu qu'il faut craindre, non pas par respect du Tout-Autre, mais par peur. Je ne sais pas comment on appelle ces doctrines en français, en anglais c'est "atonement", et toute cette histoire est très violente...
est-ce que vous pourriez m'indiquer peut-être un livre, ou des livres qui offriraient d'autres explications?
Merci beaucoup!

Bonjour chaya
Il me semble que nous avons déjà eu un échange sur cette question de l’ « atonement », c'est-à-dire de l’expiation pour expliquer la mort de Jésus. Cette interprétation sacrificielle de la mort de Jésus, je la vois comme la construction théologique la plus monstrueuse de tous les temps, qui depuis des siècles a durablement faussé et hypothéqué le message chrétien et donné une image aberrante de Dieu. Je vous invite (encore une fois ?) à tordre définitivement le cou à cette aberration anselmienne.
L’explication qui a été pour moi une révélation est celle de René Girard dans son livre « Des choses cachées depuis la fondation du monde », dans la partie consacrée à «l ‘écriture judéo-chrétienne ». Sa thèse est que depuis la nuit des temps, le groupes humains, pour survivre, on toujours résolu leurs conflits en en rendant responsable un innocent, dont la mort « sacrificielle » devait ramener la paix. Le cas de Jésus est emblématique de ce mécanisme pervers. Le message de Jésus menaçait l’ « establishment » juif et ses privilèges. D’autre part le gouverneur romain Pilate craignait une déstabilisation menaçant la « pax romana » en Israël. Ces deux forces se sont entendues pour charger et condamner un innocent. Jésus savait qu’l risquait sa vie en allant jusqu’au bout de sa mission, celle de rétablir la vérité de la loi de Dieu. Mais l’innocent sur la mort duquel on s’était entendu n’était pas n’importe quel innocent, il était l’Innocent par excellence, à tel point que sa mort scandaleuse va une fois pour toutes démasquer le stratagème séculaire du « bouc émissaire », celui dont qu’on chargeait de la responsabilité du malheur. Il y aura certes toujours encore des boucs émissaires, mais désormais le mécanisme victimaire et dévoilé pour ce qu’il est : un mensonge. Faut-il citer comme exemple la shoah, le sort tragique des juifs qu’on avait rendus responsables de tous les malheurs comme prétexte pour les exterminer ?
Ainsi, la mort innocente de Jésus a révélé la violence pour
ce qu’elle est, et dévoilé aux yeux de tous le mécanisme caché depuis la nuit
des temps, de la victimisation d’innocents. On peut dire que la mort de Jésus a
marqué la fin de la sacralisation de la violence.