Comment s'interroger sur le Dieu trinitaire?

Trinité. Qu'en est-il réellement ? Eduquée catholique, je me perds dans les
différentes "versions" :
- catholique : une seule "entité" en 3 parties (Père = + ou - la loi; Fils =
l'humain; l'Esprit = la conscience)
- réformée : 3 entités totalement différentes et indépendantes...
A ma question posée à différents pasteurs, je n'ai obtenu que de vagues réponses
(quand on me répondait) et des recommandations chaleureuses m'encourageant à
trouver quelqu'un sachant y répondre.... et me priant de leur communiquer la
réponse, quand je l'aurai.
Merci de m'aider à m'y retrouver !
J'entends bien votre questionnement. C'est donc volontiers que j'apporte ma
contribution à votre réflexion, par quelques remarques qui me tiennent à coeur:
1° Dieu est un mystère: les êtres humains ne sont jamais parvenus et ne parviendront
jamais à connaître Dieu "en lui-même". Nous n'avons donc pas les moyens d'étudier
Dieu comme les entomologistes étudient les insectes.
Ce que les hommes ont pu dire de Dieu par l'observation de la nature (théologie
naturelle) est bien peu de choses ... et encore, pour beaucoup de théologiens
chrétiens, cette "théologie" est sujette à caution, car elle peut nous conduire
sur des pentes dangereuses.
2° Aux yeux des chrétiens, on ne peut connaître de Dieu que ce que Lui-même
nous a révélé: son projet de créer le monde avec l'humanité, son intention de
rester en relation avec les humains, et avec chacun en particulier, dans un
Amour parfait. Toujours aux yeux des chrétiens, il a envoyé le Christ, que nous
reconnaissons comme son Fils, qui a été jusqu'au bout de l'Amour, par le don
de lui-même. En plus de cela, ce Dieu n'a pas voulu que nous ne soyons que des
bénéficiaires passifs de son amour, mais il attend une réponse de notre part.
3° Dès lors, comment parler d'un Dieu aussi paradoxal, qui n'avait plus rien
de commun avec les dieux païens?
Les théologiens chrétiens de l'Antiquité sont les premiers à parler de "Trinité".
Par ce terme,
a) ils s'efforçaient de rendre compte le mieux possible de leur relation (qui
était en premier lieu une relation de prière et d'adoration) avec ce Dieu d'amour,
connu comme Père, Fils et saint-Esprit.
b) ils cherchaient à exprimer leur foi dans le langage des philosophes de leur
temps, pour pouvoir ainsi entrer en dialogue avec le monde de leur époque.
c) ils ont désiré donner à l'ensemble des chrétiens une expression commune de
leur foi.
4° Les chrétiens d'aujourd'hui sont en droit de s'interroger sur la meilleure
façon de rendre compte du Dieu d'amour. Ce qu'ont dit les Pères de l'Eglise
mérite cependant d'être médité, notamment dans leur méthode: ils n'ont pas cherché
à mettre Dieu en formules en s'aidant de la Bible comme "recette de base", mais
ont voulu être d'abord des hommes de prière et d'adoration.
Si nous revenons à votre questionnement, je peux comprendre votre désir de savoir
"ce qu'il en est exactement". Mais est-ce absolument indispensable? De plus
les réponses obtenues ne me paraissent pas correspondre vraiment aux enseignements
classiques. (Par exemple, c'est la première fois que je lis les versions "catholique"
et "réformée" dont vous parlez).
Les Pères de l'Eglise parlent "d'une seule Substance en trois personnes". Si
vous n'avez jamais entendu cette formulation, c'est vraisemblablement parce
que nous ne nous exprimons plus guère ainsi, les mots eux-mêmes étant piégés.
Cela nécessiterait des explications interminables sur la philosophie antique,
qui -à tort ou à raison,- ne sont pas jugées nécessaires pour accueillir Dieu
dans son amour, et pour y répondre.