Pourquoi tous ces récits de meurtre au nom de Dieu dans certains livres de l'AT?
Je lis en ce moment le livre des rois. Il ne m'est pas possible de comprendre totalement Dieu à cette époque, alors qu'il ne change pas. Voici ma question : Pourquoi tuer son frère, tuer absolument son ennemi. Ce qui me surprend le plus pourquoi tuer toute une famille (y compris des enfants innocents) alors que c'est le père qui a péché dans l'histoire d'Acan. Que fait l'homme que Dieu dit selon le coeur de Dieu du commandement "Tu ne tueras point". Je pourrais encore citer d'autres exemples.
Merci de me répondre.
Bonjour,
Comme je vous comprends de ne pas toujours comprendre (et accepter) l'image de Dieu véhiculée par certains récits de l'Ancien Testament! Si l'on en venait à prendre ces récits à la lettre, on pourrait justifier toutes les purifications ethniques et religieuses, tous les "apartheids" ou actes terroristes! Nous sommes à juste titre indignés en lisant de tels récits...
Dieu ne change pas, certes, mais l'image que les hommes se sont faits de lui a évolué au cours des siècles. Il y a, tout au long de la Bible, comme une "épuration" de l'image de Dieu, jusqu'à sa révélation finale, par Jésus Christ, où il se révèle comme Esprit et Amour. C'est pourquoi, il nous faut toujours lire l'ensemble de la Bible à partir de cette Révélation finale pour bien la comprendre et ne pas se fabriquer des fausses images de Dieu, des "idoles"...On pourrait dire que cette "épuration" de l'image de Dieu au cours de l'histoire correspond aussi au travail que nous avons tous à faire pour quitter nos images et conceptions archaïques de Dieu (en lien avec nos peurs enfantines, à la toute puissance magique, aux punitions) pour vivre dans cette relation d'alliance devant un Dieu d'Amour qui me constitue comme vis-à-vis libre et responsable!
Cela ne veut pas dire qu'il faille rejeter ces textes de l'AT, ils peuvent être des témoignages intéressants sur la manière dont le peuple d'Israël a pu lire son passé à certains moments clefs de son histoire. Il est alors intéressant de voir pourquoi, notamment au moment de l'Exil, on a compilé ces traditions pour donner "sens" et "explication" à l'échec de l'alliance... Une lecture historico-critique donc. On peut aussi les laisser résoner à un niveau profond de notre être: Il y est question d'ennemis, de vengeance, de "survie"...de mal et de violence...et essayer alors de percevoir comment les auteurs de la Bible lie Dieu à ces questions humaines fondamentales et difficiles (sans forcément adopter leurs solutions!). Est-on ainsi infidèle à la Bible? Je ne crois pas, il est intéressant que les auteurs bibliques eux-mêmes évoluent dans leurs conceptions de Dieu et de Sa justice, reprennent d'anciens textes, discutent des conceptions évidentes, modifient des lois. C'est le cas par exemple de la doctrine de la rétribution, qui sert de clef de lecture aux livres des Rois: Quand le peuple est fidèle, tout va bien pour lui, s'il se détourne de Dieu, il reçoit tous les malheurs. Cette explication quelque peu systématique a été remise en question dans l'Ancien Testament lui-même par le livre de Job, notamment. Les amis de Job qui représentent cette théologie traditionnelle (et qui citent des passages bibliques!) sont rejetés par Dieu, alors que Job qui se lamente et proteste de son innocence et de l'injustice de son sort "a bien parlé"! Il en va de même aussi de ces lois de punition collective, comme vous le soulignez pour le cas d'Acan (en Josué): Lois reposant sur une notion archaïque de la souillure qu'un membre fautif de la communauté fait rejaillir sur la communauté entière: d'où une punition collective! Des lois comme Deutéronome 24, 16 ou des réflexions de prophètes comme Ezéchiel 18, 4. montrent qu'à un moment de son histoire le peuple juif a abandonné ses lois de responsabilité collective pour souligner la responsabilité individuelle du coupable qui seul doit être puni. Il y a donc débats, discussions, remaniements des images de Dieu et des conceptions de son action au sein même de la tradition biblique.
Dieu ne change pas, mais la perception que nous avons de lui est appelée à évoluer!