Comment être simultanément créationniste et évolutionniste ?
Je suis "créatonniste" ds le sens où je crois que Dieu nous a voulus, créés..mais "évolutionniste" car je pense qu'il a employé l'"évolution" pour y parvenir. Toutefois, une question me taraude : si Dieu a employé l'évolution, c'est donc que sa création est basée, dès le départ, sur la mort et la souffrance ( et que le "péché" de l'homme n'est en rien coupable de la "chute"). Faudrait-il en déduire que Dieu a "choisi" que le monde soit construit sur la souffrance, ou qu'un "grain de sable" s'est glissé dans la création et a fait déraper le processus, que Dieu s'est efforcé, malgré cette "chute" de la Vie (bien avant l'homme) de la mener néanmoins vers Son Plan. Quelles sont les théories "protestantes" sur ces points ? En vous remerciant..et en sachant déjà que la réponse est sans doute impossible....
Michel

Il y a une multiplicité de réponses à votre question dans les
protestantismes qui sont, par définition, multiples. Je ne puis ici
que vous suggérer une réponse. La mienne ! Comme vous, je suis
évolutionniste et créationniste. Comment expliquer dès lors –
vous avez raison – l'existence de la mort dans la création
puisqu'il n'est pas de vie et d'évolution sans mort ? Je suis
persuadé que la mort existait avant l'apparition de l'homme sur
terre. Les multiples fossiles que nous pouvons récolter le prouvent.
En ce sens Adam est né mortel et non pas immortel comme on se le
représente trop souvent dans certaines formes de christianisme.
Que
représente donc le péché qui est propre à l'homme ? Il
représente la conscience douloureuse de devoir mourir. C'est
pourquoi je n'associerai pas comme vous mort et souffrance. Certes la
souffrance existait avant l'apparition de l'homme et du péché. Un
animal souffre, mais ne semble pas souffrir de devoir mourir. La
souffrance de devoir mourir ou de devoir travailler pour gagner son
pain (Genèse 3.19) est la conséquence du péché de l'homme. Avant
de pécher, l'homme jardinait le jardin d'Eden. Il travaillait, mais
c'était dans l'ordre des choses. Après la chute, l'homme souffre de
son travail, de la perspective de la mort... Pourquoi ? Parce
que le péché, qui consiste à ne plus s'accepter radicalement
dépendant de Dieu, consiste à me croire maître de ma vie. Or comme
les épines et les ronces du mythe me résistent et comme je ne suis
pas maître de la mort, j'en souffre. Je souffre dans mon rapport à
moi-même de ne pas être totalement maître, de ne pas être dieu.
Avec le péché, ce n'est donc pas la mortalité en général qui est
entrée dans le monde, mais la mort relationnelle, la mort dans mes
relations, la rupture de certaines relations, l'aliénation d'autres,
la mauvaise structuration d'autres encore ... et donc la souffrance
morale.