L'amour du prochain est-il remis en question par l'existence de grands artistes narcissiques ?
La haine, l'avidité, la cupidité sont souvent de puissants moteurs dans beaucoup d'existence. Mais si tout le monde en profite, est-ce un mal ?

Un
artiste narcissique, égoïste, cupide ne peut que faire beaucoup de
mal autour de lui. Ce mal, ses biographes et agiographes n'en
parleront jamais. Est-ce que son grand'oeuvre fait le poids par
rapport à cette masse de souffrances qu'il a créée au nom même de
sa création ? Il nous est très difficile d'en juger, d'autant
que nous n'aurons jamais une vision globale.
Ce que je sais par
contre, c'est qu'il a existé de très grands artistes qui ont su
l'être en chrétiens. Je pense à un Jean-Sébastien Bach. Ce qui le
différencie d'un artiste narcissique, ce fut sa raison de vivre :
transmettre par son art la parole de Dieu à son prochain,
alors
que l'artiste narcissique ne veut et ne peut vouloir que se
transmettre lui-même. Personnellement j'ose ne pas apprécier ou
beaucoup moins apprécier quelqu'un qui n'a pour but que sa gloire
personnelle, le partage de ses tourments ou de ses joies...
Je ne
pense pas que le commandement (qui n'a rien d'un dogme puisqu'il est
parole de Dieu) de l'amour du prochain soit donc remis en question
par l'existence d'artistes de renom et narcissiques. Au contraire, ce
commandement est avec le premier – aimer Dieu de tout son être –
le critère qui nous permet de juger de la valeur d'une œuvre d'art
comme de beaucoup d'autres choses.
Vous me rétorquerez qu'il
s'agit d'aimer son prochain comme
soi-même.
D'accord, mais le propre du narcissisme, c'est de ne s'aimer que
soi-même et pas l'autre pour ne pas parler de Dieu.