Le langage du sacrifice à propos du Christ peut-il être compris au second degré?
ceux qui ne supportent pas cette insistance unilatérale sur ce qui n'est qu'un
langage biblique parmi d'autres pour parler de la mort du Christ.
Si le rabbin Paul ne peut en effet pas entériner l'idée de sacrifice humain,
il n'en était pas moins marqué par la théologie sacrificielle qui avait cours
en son temps: un Juif pieu sacrifiait régulièrement un agneau pour la Pâque,
ou d'autres animaux selon les circonstances. Une femme sacrifiait une colombe après
l'accouchement, par exemple.
C'est sans doute cette compréhension des relations avec Dieu, marquée par les
notions de péché et de reconnaissance -qui toutes deux impliquaient des sacrifices-
qui sont dans l'esprit de Paul. Il voulait montrer que le culte sacrificiel
n'a plus lieu d'être, en tous cas qu'un sacrifice définitif a eu lieu et que cela
épargne aux chrétiens d'origine païenne de devenir Juifs. Le raisonnement est
le même pour la circoncision: la foi, dès Abraham, est décisive, pas le fait
même de l'ablation du prépuce. Pour Paul, depuis le Christ, le sacrifice au Temple
a cessé d'être décisif, Dieu a tout réglé et nous accepte inconditionnellement.
Ceci pour le sens des textes de Paul dans leur contexte.
Votre lecture au second degré, qui comprend le langage sacrificiel à partir
de comparaisons, me paraît légitime et possible, étant entendu qu'on quitte
là l'exégèse pour l'interprétation des textes pour aujourd'hui.
Comme vous le voyez, mes réserves n'en sont guère, juste un désir de précision
sur le sens des textes tels que Paul les a écrits et pensés. Merci de tout coeur
pour votre texte et votre sensibilité qui offe une ouverture à des idées pas
faciles pour un être humain moderne.