Est-il possible d'être pardonné et de ne plus pécher ?
Si
Jésus dit à la femme adultère : « Va et désormais ne
pèche plus » (Jean 8.11), c'est pour que cette femme ne puisse
pas se dire : « Chic alors ! tout est permis ;
je puis faire ce que je veux puisqu'il n'y a plus de condamnation ».
Il veut lui signifier que lorsqu'on vit du pardon de Dieu, il s'agit
d'en tirer les conséquences. La grâce est par définition gratuite,
mais elle a aussi un prix : elle contraint qui en vit à prendre
les responsabilités qui en découlent.
Cela dit, il est bien
clair que tout chrétien reste à jamais un pécheur pardonné. Comme
croyant, je ne cesse pas d'être pécheur. Etre vraiment croyant,
c'est, en effet, reconnaitre que je suis un pécheur, coupé de Dieu,
« incapable par moi-même de faire le bien » etc. En tant
que croyant, je sais aussi que, de l'instant où je me crois sans
péché, je ne fais que redoubler mon péché ! Je me crois, en
effet autonome par rapport au pardon de Dieu. Je crois posséder une
fois pour toutes ce pardon. Et c'est là ma faute fondamentale :
ne pas mettre toute ma confiance Dieu, ne pas complètement dépendre
de Lui.
Mais ce pécheur que je suis et que je redeviens
constamment, je sais aussi que Dieu ne lui tient pas rigueur de son
péché. Cela me permets d'aller de l'avant sans être crispé sur le
fait que je suis pécheur et le resterai toujours. Je suis libéré
de toute culpabilité. Mon seul souci, c'est alors de servir au mieux
Dieu avec la force qu'il me donne en dépit de toutes mes chutes et
rechutes. D'emblée je sais qu'il y en aura toujours de nouvelles.
Cela me permet de ne pas concentrer mon attention sur ces rechutes,
mais de la centrer sur ce que j'ai à faire au service du seul maitre
qui soit. Et cela est réellement libérateur.Les Réformes protestantes ont résumé cette condition du croyant par la formule suivante: "Simultanément juste, simultanément pécheur, toujours repentant" (Simul justus et peccator, semper repentens").