Dieu pardonne-t-il à tous?
Oui, Dieu peut tout pardonner, jusqu’au pire méfait ; il peut pardonner à tous, même à l’auteur des crimes les plus sordides. Il n’y a pas de limite ni de condition à son amour et à son pardon. La révélation biblique exprime de manière très claire le fait que le pardon de Dieu est inconditionnel : il n’est pas précédé, comme par une condition nécessaire, par un état de « perfection » (d’ailleurs inatteignable) ou par la repentance ; au contraire, c’est la gratuité du pardon qui fonde et rend possible la repentance et une vie conforme au projet de Dieu. Étymologiquement aussi, le mot « par-don » nous renvoie à ce donner-en-plus qui implique le renoncement à un rapport de type juridique, en faveur d’un rapport de grâce.
Reflet de l’amour de Dieu, le pardon est participation à la victoire du Christ sur la mort : si la résurrection « dit » que la mort n’a pas le dernier mot, le pardon « dit » que le péché n’a pas le dernier mot, qu’il n’est pas la vérité de l’homme. Le pardon rappelle que le pécheur est un homme, non pas un péché personnifié, et qu’il est bien plus grand que les actions, même négatives, qu’il peut avoir accomplies. En ce sens, le pardon est aussi signe d’humanité et force d’humanisation.
Comme personnes nous-mêmes pardonnées, nous avons alors à vivre à notre tour ce pardon. Maxime le Confesseur écrit de façon sublime : « La divinisation se réalise lorsque s’introduit en nous la charité divine, jusqu’au pardon des ennemis, comme le Christ en croix. Quand est-ce que tu deviens Dieu ? Quand tu seras capable, comme le Christ en croix, de dire “Père, pardonne leur”; plus encore : “Père, pour eux je donne ma vie.” » C’est à cela que nous entraîne la vie, si elle est fondée sur la foi en Dieu « qui pardonne toutes nos offenses » (Ps 103,3), si elle animée par l’Esprit sanctificateur, et si elle repose sur le Fils qui nous enseigne à aimer comme lui-même nous a aimés, à pardonner comme il nous a pardonnés.