Comment vivre les doutes qui accompagnent la foi?
comment apprivoiser, gérer les doutes qui vont de pair avec la foi, surtout
quand ils deviennent si grands? comment lutter avec Dieu pour qu'il me dit son
nom (= qui il est, ce qu'il est)? comment sortir entier et grandi de ce désert
intérieur, ou de cet orage déchirant? par la prière... mais Dieu semble rester
muet...
Je vais essayer de vous dire comment cela se passe dans ma propre vie: je crois
que chacun vit cela différemment.
"Je doute, donc je crois" résumerait assez bien mon expérience en la matière.
On m'accusera certainement de vouloir jouer avec les mots. Ce serait se méprendre:
vraiment, dans mon expérience, le doute est un élément constitutif de la foi.
Même si je peux dire qu'il a toujours subsité au fond de moi une confiance en
Dieu, même au plus fort du doute aux plus difficiles moments. Comme si quelque
chose était inébranlable.
J'ai dû passer d'une foi qui se voulait absolue, sans compromission avec le
doute -qui m'apparaissait comme le contraire de la foi- à une compréhension
de la foi qui admettait le doute. Il est normal et naturel de douter, car les
seules choses dont je ne puis douter -et encore- sont celles que je vois ou
qui sont démontrables. Une fois accepté ce doute partie prenante de ma foi,
j'ai vécu autrement ces périodes lors desquelles tout semble remis en question.
La lutte avec Dieu (sens du mot "Israël") pour recevoir sa bénédiction, pour
connaître son Nom devient "simplement" la vie chrétienne. Cette lutte se vit
dans les expériences de la vie, dans la relation aux autres, croyants ou non,
dans la confrontation au texte biblique dans l'espérance que du texte lu et relu,
travaillé et prié, surgisse une parole de Dieu qui fasse sens pour le moment
présent.
J'ai conscience de ne pas vous aider beaucoup. Mais celui qui prétendrait vous
donner une sorte de "mode d'emploi contre le doute" serait soit un menteur,
soit un manipulateur. Celui qui prétendrait qu'il faut chasser le doute en vous
car il serait "l'oeuvre du diable" ne mérite pas que vous l'écoutiez. Même dans le
silence de Dieu, même dans le sentiment d'abandon, Dieu est présent. Lui ne
nous abandonne pas. Mais la nature humaine veut que le doute fasse partie de
l'intelligence. Et finalement, Dieu n'entre en relation avec nous que sur le mode
du croire et du douter.