Qui est Jésus ?
Commençons par une approximation : Jésus est un homme qui a vécu en Palestine dans la première moitié du Ier siècle de notre ère, qui a prêché la venue du Royaume de Dieu, en a montré des signes à travers les actes miraculeux qu’il accomplissait et a été crucifié en raison de son opposition au pouvoir politique et religieux en place. Ceux qui le suivaient disent l’avoir vu ressuscité trois jours après sa mort : de là est née la foi dans le fait qu’il était Fils de Dieu et qu’il vit toujours auprès de lui, et avec ceux qui croient en lui, « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).
Mais cette réponse apparemment objective est largement insuffisante. Votre question devrait bien plutôt être formulée de la manière suivante : « Pour toi, qui est Jésus ? » C’est à chacun de nous de prendre position en face de cette personne et de lui donner une signification. C’est d’ailleurs aussi ce que demande Jésus à ses disciples au plein cœur de l’évangile : « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16,15 ; Mc 8,29).
« Pour vous, qui suis-je ? » : la réponse à cette question demande beaucoup d’effort, pour certains même elle implique toute une vie de recherche. Il s’agit de reconnaître que dans le rapport que nous vivons avec le Seigneur il est une part d’inexprimable, d’inénarrable, qui ne peut que rester « non dit », « non écrit », que seul le Seigneur connaît en vérité et pourra révéler quand il nous appellera au jugement à travers notre mort.
On pourrait donc répondre en premier lieu que Jésus est « mon Seigneur » : mais avant d’être le mien, c’est le Seigneur des autres, le Dieu d’Abraham, de Moïse, d’Élie, de Jean-Baptiste, de Marie, de Pierre et Paul, le Dieu connu par beaucoup d’autres avant moi. Je peux l’appeler « mon Seigneur » parce que d’autres me l’ont transmis. Mais c’est donc aussi « notre Seigneur ».
Oui, c’est en lui qu’est toute ma confiance, mon espérance, mon amour, ma joie, mais je ne l’ai jamais vu, je n’ai toujours qu’écouté ceux qui m’ont parlé de lui, j’ai écouté ceux qui l’aiment, et ainsi il me semble le connaître...
Mais surtout, ce Seigneur, Dieu unique, est un feu : pour le connaître en vérité, comme le papillon qui danse émerveillé autour de la flamme, je devrais me jeter dans le feu et me consumer... Il faudrait que je puisse me dissoudre et dire : « Ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). Alors, peut-être, je le connaîtrais comme il me connaît !