Quelqu'un te gifle, tends aussi l'autre joue

comprendre. Et je trouverais difficilement acceptable si cette phrase voulait
dire qu'il faut tout supporter.
Ce verset est tiré de ce chapitre qu'on appelle le Sermon sur la Montagne (Evangile
selon Matthieu, chap. 5-7; en Luc, chap 6). Pour moi c'est un des plus beaux
passages bibliques. Mais je trouve qu'il est en même temps le passage le plus
difficile - et c'est pour cela qu'il me turlipine.
Jésus dit à ses disciples d'aimer ses ennemis.
Voilà tout un programme. Mais franchement inacceptable - à vues humaines. Vous
ne trouvez pas?
Et comme je crois en un Jésus, fils de Dieu, profondément humain, je me dis
que Jésus lui-même savait que c'est impossible.
Impossible, oui. Mais pas anodin pour autant. Pour moi, c'est un programme de
vie, un but à poursuivre.
Pour moi cela veut dire de ne pas se résigner quand les choses avec les autres
vont mal. Quand on a envie de taper le poing sur la table pour se faire entendre.
Quand on a envie d'éviter, de contourner, de frapper, de tuer l'autre. Ou encore
quand on a envie de se résigner et d'accepter tout et n'importe quoi.
Je crois que c'est à ces moments-là que cette phrase peut donner un autre son
de cloche:
Hé, tu n'es pas obligé de faire comme ton instinct te le dicte! Tu as d'autres
possibilités d'agir! Pense un peu: Au lieu de détruire l'autre ou de te détruire
toi-même, tu peux essayer de le comprendre autrement.
Car cette phrase repose sur une expérience bouleversante: Dieu nous aime. Vous
et moi. Et les autres. Tels que nous sommes. Et c'est beau.
C'est pour cela vaut peut-être la peine de s'arrêter quand les choses tournent
mal avec les autres. Juste un petit moment pour respirer. Un petit moment pour
se dire:
Oui, je peux réagir autrement.