Que faire d'un Dieu "tout-puissant" qui laisse crever de faim 80 % de la population ?

Une première réaction à chaud : dans les 20%, il y a moi, et vous... que faisons-nous,
nous, pour éviter que les autres 80% crèvent de faim ? Nous sommes les premiers,
nous les 20%, à devoir nous poser cette question - à laquelle je n'ai pas vraiment
de réponse, je l'avoue.

Ensuite, il faut peut-être revoir ce que veut dire Dieu "tout-puissant". Car
c'est ce même Dieu qui a laissé mourir Jésus sur la croix. Lui, tout-puissant,
aurait pu, si l'on suit cette logique, éviter ça (d'ailleurs, ça lui a été demandé,
au pieds de la croix, et il ne l'a pas fait). Effectivement, la logique ne va
plus, ça nous amène à quelque chose de complètement absurde... on a alors le
choix : soit on considère que c'est absurde, et on abandonne tout; soit on change
de logique, puisque cette logique-là ne nous amène nulle part.

C'est apparement ce deuxième choix qu'ont fait les disciples de Jésus, qui non
seulement n'ont pas abandonné après la croix, mais qui ont proclamé Jésus vivant,
et Seigneur - proclamation qui est parvenue jusqu'à nous. Ils ont donc changé
de logique, ils ont reconsidéré la tout-puissance de Dieu, sous l'angle de la
faiblesse. Dieu est tout-puissant, oui, mais pas au sens du magicien capable
d'éradiquer le mal et la souffrance de la terre. Il est tout-puissant dans l'amour
et la faiblesse - autrement dit, c'est dans les actes les plus humbles, dans
l'amour que nous pouvons nous porter les uns aux autres (et à ceux qui crèvent
de faim) que se manifeste la toute-puissance de Dieu. C'est cette attitude-là
qui est toute-puissante, et non pas la soif de richesse et de pouvoir. Ceux qui sont
vraiment heureux, dans ce monde, ce sont ceux qui peuvent aimer, vivre humblement
à l'écoute des besoins de ceux qui les entourent. Ce sont ces gens-là qui auront
le dernier mot, qui font que la vie est belle, et vaut la peine d'être vécue; ce
ne sont pas ceux qui ont du pouvoir et de l'argent. Voilà comment Dieu a choisi
d'être tout-puissant. Je n'appelle pas cela du sadisme, mais c'est le comble
de l'amour pour notre pauvre humanité incapable de prendre soin d'elle-même.