Que deviennent les chrétiens qui se "refroidissent" ?

En vous lisant, j'ai l'impression que vous cherchez à établir un système qui
permettrait de savoir qui est sauvé et qui ne l'est pas. Or, je pense qu'il
faut se méfier de tout système qui a tendance à schématiser les choses à l'extrême,
surtout en matière de foi et de salut. En effet, un système qui prétend dire avec exactitude
qui est sauvé, et qui ne l'est pas, qui a la vie éternelle et qui ne l'a pas,
me paraît beaucoup trop schématique, et je dirais même dangereux, pour deux
raisons :

D'abord, c'est un système très culpabilisateur... ce qui explique d'ailleurs
peut-être pourquoi certains de ces chrétiens ont quitté la foi ! Si, lorsque
quelqu'un vient moins à l'Eglise, prie moins, on se demande tout de suite s'il
est encore sauvé, cela a de quoi faire fuir une personne qui a une foi sincère,
mais qui vit une période de désert ou de doute, et qui n'arrive plus à prier.
Au lieu de culpabiliser ces gens en se donnant le droit de les classer dans
les "non sauvés", il vaudrait peut-être mieux se rapprocher d'eux et essayer de
les comprendre, de les écouter, et de respecter leur liberté de choix sur leur
vie.

C'est un système dangereux aussi parce qu'il témoigne d'une immense prétention
- voire arrogance - au sujet de Dieu : qui sommes-nous pour dire que tel ou
tel est sauvé ou non ? Lorsque nous faisons cela, nous nous mettons à la place
de Dieu, et cela, dans la Bible, s'appelle un blasphème. Comment pouvons-nous nous
mettre à la place de Dieu en prononçant à sa place un jugement aussi grave que
de dire : cette personne n'est pas enfant de Dieu ? Ce que la Bible nous enseigne,
c'est surtout l'amour inconditionnel (c'est-à-dire non lié à quelque acte que ce soit
- prière, bonne action, participation au culte) de Dieu pour tout être humain.

Je n'ai pas vraiment trouvé de passages bibliques qui traitent de votre question,
et pour cause : ce dont la Bible parle, c'est de la libération offerte aux hommes
en Jésus-Christ (Rm 8, par exemple, ou Lc 12,32 : soit sans crainte, petit troupeau,
car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.) Mais elle ne parle d'aucun
système qui permettrait de tenir une sorte de "comptabilité" de ceux qui sont
sauvés ou non. Certes, il y a des passages qui parlent de ce qui arrive à ceux
qui ne se tournent pas vers Dieu (Lc 13,5 : si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de la même manière). Ces passages, je les lis, pour ma part,
comme des avertissements de la dureté et de la sécheresse qui nous attend si
nous ne laissons pas la place à l'amour et à la justice que Dieu nous offre. Mais
je ne me risquerais pas en tirer un système permettant de classer les gens...
j'aurais trop le sentiment de revenir justement dans le comportement que Jésus
dénonce, à savoir : juger les gens à la place de Dieu, les enfermer dans des catégories
qui les prive de leur liberté et de leur choix sur leur vie.