Le tombeau de Jésus, (re)découvert plusieurs siècles après ? Pourquoi ?

Sujet: L'invention du tombeau de Jésus par l'empereur Constantin

Bonjour,

Comment peut-on expliquer historiquement que le tombeau de Jésus ait été "perdu
de vue" durant plusieurs siècles et qu'il ait fallu que Constantin soit (selon
la tradition) informé par Dieu, lors d'un rêve, sur son emplacement actuel ???

Comment les 1ers chrétiens ont-ils pu oublier cet emplacement unique en son
genre ?

Paul ne parle jamais du lieu d'ensevelissement puis de résurrection de Jésus.
Il aurait du logiquement se rendre sur ce lieu exceptionnel...

Curieux et troublant non ?

Par avance merci pour votre réponse.

Sincères salutations,

Ahimsa
Bonjour et merci de votre question ! Si le lieu du tombeau de Jésus avait tant
d'importance, il aurait dû être connu et visité dès les premiers temps de l'ère
chrétienne. Or sa "redécouverte" ou sa révélation date selon ce que vous signalez
de l'empereur Constantin, soit trois cents ans plus tard environ !
En fait, le lieu d'ensevelissement de Jésus n'est pas nommé dans les Evangiles.
Ils ne s'y attardent guère, et pour cause ! Ce qui compte pour eux c'est le
fait que Jésus n'ait pas été trouvé dans le tombeau, puis qu'un message ait
annoncé qu'il est en route et en vie : "Il vous attend en Galilée". Donc aucune
raison de retourner au tombeau ! Aucune raison non plus de rechercher son emplacement
précis !
Comme vous le rappelez l'apôtre Paul ne parle pas du lieu de l'ensevelissement
du Christ ; pour lui non plus ce n'est pas ce lieu qui compte, mais bien le
fait que ce Jésus exécuté comme un impie a été ressorti de la mort et reconnu
par Dieu comme son véritable envoyé.
Quel intérêt donc pour le tombeau, bien plus tard ? Il y a peut-être un besoin
tardif de s'approcher des lieux où des événements marquants se sont déroulés,
comme pour essayer d'effacer la distance dans le temps - mais l'événement échappe
au lieu ! Il y a sans doute eu chez Constantin la volonté de garder une mainmise
sur l'Orient, sous couvert de s'intéresser aux "lieux saints" de Palestine.
Cette préoccupation politique fera fureur, c'est le cas de le dire, au Moyen-Age
: les Croisades, sous le prétexte de reprendre les "lieux saints", soit aux musulmans,
soit aux chrétiens d'autres dénominations, seront en fait des entreprises politico-militaires
de conquête ou de récupération de terres, avec les pires actes de guerre à la
clé.
Au fil des siècles, l'attrait pour les "lieux saints" s'est développé, comme
une sorte de rencontre "géographique" un peu artificielle entre la foi présente
et un événement passé. Les lieux de pélerinage à travers toute l'Europe, en
particulier les tombeaux d'apôtres, se sont multipliés. Voici une remarque attribuée
à Martin Luther : "Je m'étonne que Jésus-Christ n'ait eu que douze apôtres,
alors qu'il s'en trouve dix-huit enterrés rien qu'en Allemagne !" Derrière la
boutade, une vérité forte : la quête du tombeau est une fausse piste, c'est loin
du tombeau que l'Evangile entraîne ses lecteurs et lectrices !