L'âme et l'esprit, quelle différence ? (suite.)

>Cher Oko-Etou,

Merci de votre question. Je suis navré que ma première réponse ne vous ait pas
donné satisfaction. Je vais essayer de m'expliquer plus clairement.

Il y a une chose qu'il faut savoir, c'est que le mot "âme" dans la Bible désigne
une réalité qui est à la fois physique et psychique, matérielle et immatérielle.
Une "âme" n'est jamais désincarnée ; elle constitue un tout avec le corps. Dans
la langue originale, l'hébreu, l'âme désigne la gorge, comme dans le livre de Jonas,
au chapitre 2, verset 6 : "Les eaux m'environnaient jusqu'à l'âme", c'est-à-
dire jusqu'au cou.

Il y a aussi un verset plein d'humour ou l'âme désigne franchement l'estomac
: "Le dormeur affamé rêve qu'il mange et se réveille l'âme vide." (Ésaïe 29,8.)

Dans plusieurs prières de l'Ancien Testament, on trouve cette expression : sauve-moi
de "ceux qui en veulent à mon âme", c'est-à-dire de ceux qui souhaitent ma mort,
de ceux qui cherchent à me supprimer.

Une "âme", c'est donc une personne entière. En français, nous disons par exemple
qu'un village compte trois cents âmes, c'est-à-dire trois cents habitants.

Pour confirmer cette explication, la Bible appelle "âme morte" le cadavre. Dans
le livre des Nombres, il est écrit : "Celui qui a fait voeu de naziréat ne s'approchera
pas d'une âme morte, même s'il s'agit de son père ou de sa mère..." (au chapitre
6, versets 6 et 7.)

Alors que le mot "âme" renvoie à l'idée de "gorge" et suggère une unité profonde
avec le corps, le mot "esprit" renvoie à l'idée de "vent", de "souffle", et
suggère une participation à l'Esprit de Dieu, qui insuffle en nous la vie, la
force, la puissance.

"Rendre l'esprit", c'est mourir ; "retirer l'esprit", c'est faire mourir. Voir
par exemple les versets 29 et 30 du Psaume 104 :
"Tu leur enlèves le souffle de la vie,
"Ils meurent et redeviennent poussière.
"Tu leur rends ton souffle, ils sont recréés,
"Et tout devient nouveau sur le sol."

Ce serait une erreur de confondre notre esprit, souffle de vie qui nous vient
de Dieu, et notre âme. Par contre, nous pourrions essayer de dire que c'est
la fusion de notre corps et de ce souffle de vie qui constitue notre âme, c'est-à-
dire notre personne dans sa globalité. C'est pourquoi la mort doit être comprise comme
une "désintégration" de la personne, de l'âme, qui se défait, une fois l'esprit
retourné à Dieu.

Oui, je crois qu'il y a un paradis, mais ce ne sera pas le jardin d'Éden. Pas
question de revenir en arrière ! Nous sommes pécheurs, nous commettons des fautes,
et cela empêche que la vie redevienne "comme avant." Le message biblique nous
encourage à avancer, à progresser, avec les forces que Dieu nous donne, avec l'amour
qu'il met dans nos coeurs par son Esprit, avec Jésus notre Seigneur comme accompagnant.
C'est la Jérusalem céleste qui nous attend, comme il est écrit dans le livre
de l'Apocalypse. Comme l'écrivait encore saint Irénée de Lyon :
"La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant,
"Et la vie de l'homme, c'est de voir Dieu."

Bien amicalement.