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Quelques questions sur mariage monogame exclusif et célibat...

25.02.2007 Thème : Vie affective: les relations humaines Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

Bonjour,

je me posais une question ces derniers temps sur le celibat (considere, dans
la bible comme une forme d'ascese) et le mariage (au sens chretien). Je me demandais
a quel moment de l'histoire d'israel la monogamie exclusive (par opposition
a la polygamie et a des monogamies "successives", je ne parle bien sur pas ici
d'infidelite) est apparue, et quel est son sens theologique. Oui, dans la genese,
Dieu a cree l'homme et la femme et on peut y voir une prefiguration d'un mariage
monogame exclusif. Dans l'ancien testament le mariage est polygame et le celibat est
une forme d'ascese (nazireat). Dans le nouveau testament, changement: l'homme
ne peut repudier la femme, paul incite au mariage monogame exclusif (une seul
couple dans une vie, encore une fois le terme "exclusif" que j'utilise ne parle
pas de fidelite mais de l'idee "traditionnelle" de n'avoir qu'un seul homme
ou qu'une seule femme dans sa vie) et au celibat pour toutes les autres situations
(veuvage, separation...).
Je ne cherche pas ici une reponse de ce qui est "bien" ou "mal", tout comme
ce qui est "autorise" ou "interdit". J'essaie de trouver des pistes de reflexion
pour faire la part des choses entre fondement theologique (base sur le commandement
d'amour) et "pression" sociale.
Aujourd'hui, dans de nombreuses communautes il n'est plus choquant de vivre
des monogamies successives. Quel est alors la place du mariage chretien, en
tant que relation exclusive et unique? N'est-il pas aussi une forme d'ascese
? En etant chretien, ne sommes nous confrontes qu'a ces deux schemas: mariage
monogame exclusif ou celibat?

Merci d'avance de votre reponse!
Bonjour Mina,

Merci de partager avec nous le fruit de votre réflexion si riche et vos questions.
Je n'ai certainement pas réponse à toutes vos questions, mais j'aimerais simplement
prolonger ce que vous écrivez:
D'abord sur l'AT, je ne sais pas quand dans l'histoire d'Israël a eu lieu le
passage du polygamisme au monogamisme, en tout cas tardivement, si l'on en juge
par l'histoire des rois (cf. pour sourire, I Rois 11, 3 : les 700 femmes et
300 concubines étrangères de Salomon! Sans compter donc les femmes israélites! Le seul
problème que voit l'auteur du livre est que ces femmes étrangères tournèrent
Salomon vers le polythéisme!)...Il me semble qu'il y a deux valeurs en concurrence
dans l'AT qui explique l'incertitude entre polygamie et monogamie: l'accent mis sur
la descendance (cf. les listes généalogiques) favorise la polygamie, car l'essentiel
est de constituer une descendance, on valorise la fonction procréatrice du mariage
(avec plusieurs femmes), l'accent mis sur le lien conjugal et l'émergence de la personne
par rapport à la société va entraîner à la monogamie. A noter que les prophètes
utiliseront cette image du couple monogame pour exprimer la relation de Dieu
avec son peuple. Peut-on dire que cette vision théologique a permis de valoriser
une spiritualité du mariage monogame? Il y a en tout cas tension dans l'AT et
lente "progression" de la polygamie à la monogamie exclusive.
Pour le NT, il est vrai que Jésus refuse la répudiation (qui est autre chose
que le divorce moderne! surtout par protection pour la personne la plus fragile
au sein du couple), mais par ailleurs il fait allusion aux traditions de remariage
des veufs, sans que cette tradition pose problème.
Paul, lui, semble valoriser en I Corinthiens 7, qui est le passage important
sur ce thème, le célibat ou le mariage monogame exclusif (dans le sens que vous
donnez à ce terme), mais il faut bien voir que ce chapitre a une forte tendance
eschatologique: Pour Paul, le retour du Christ est proche, et dans cet horizon,
il privilégie le "statu quo" des situations de vie... Mais, il en fait surtout
une question de liberté personnelle (cf. pour exemple, le verset 39)...
Alors, pour nous aujourd'hui? N'y a-t-il que ces deux schémas valables? Il me
semble qu'il y a deux choses à privilégier : l'importance de la parole donnée
et de l'engagement (dans une société "kleenex"), mais aussi les échecs et épreuves
à traverser, notre capacité à repartir, fort de la bénédiction divine, après une
rupture (que ce soit la rupture de la mort, et le remariage des veufs ne pose
pas de problèmes dans les Eglises!) ou rupture après un divorce. Donc il me
semble que les chrétiens ne sont pas enfermés dans les schémas que vous dites,
ne sont pas dans une situation figée, mais qu'il faut tenir compte des réalités
mouvantes de chaque histoire de vie.



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