Les dogmes, langage symbolique ou conceptuel?

n de penser existentialiste, c'est pour moi
plus important de comprendre comment Dieu devient événement dans ma vie, mais
je n'ai pu le percevoir qu'avec l'aide des autres,alors finalement, c'est comme
cela que je comprends la Trinité.
Est-ce que la Trinité symbolise le dynamisme ?
Merci d'essayer de me répondre.
Chère Lydie,

Merci de nous faire part de vos réflexions et questions autour d'un thème difficile
qui m'oblige à un effort de clarification. Je trouve très intéressante et pertinente
votre réflexion sur le langage (que j'ai repris en titre de question), ainsi
que la différence que vous faites entre révélation et transmission, et enfin le
fait de privilégier de nos jours une approche existentielle.

Je vais essayer de lier ces trois points dans ma réponse, en commençant par
le plus important, c'est-à-dire l'expérience de Dieu (ou comme vous le dites,
comment Dieu devient événement dans ma vie). A partir de cette expérience vive
de "rencontre" avec le Christ Vivant (évidemment souvent à travers des médiations:
la lecture de la Bible, la rencontre de témoins de la foi, la participation
à une liturgie intense, etc...)commence à se développer une foi-confiance en
Celui que nous reconnaissons comme la "Vie de notre vie" ou comme "plus intime
que le plus intime de nous-même et plus élevé que notre plus haute cime" (pour
reprendre les expressions de saint Augustin quand il parle de sa conversion.
Voilà l'élément fort, ce qui est à la source de notre nouvelle vie, ce qui peut nous
ouvrir à une confiance fondamentale (foi) au coeur des épreuves. Là, il n'est
pas question de croire à un dogme, mais de s'ouvrir à la Révélation divine.

Le premier langage est alors d'émerveillement et de prière de l'ordre de la
louange. Mais nous ne sommes pas seuls à croire, nous faisons partie d'une communauté
de foi qui d'ailleurs a sûrement déjà modelé la manière dont nous vivons l'expérience
de Dieu. C'est là l'importance du langage symbolique par lequel je me relie aux
autres, notamment à travers les rites...Ce langage est notamment celui de la
Bible qui n'énonce aucun dogme sur Dieu, mais qui parle de lui comme d'un Berger
pour son peuple, d'un Père... etc...

Enfin seulement, la communauté croyante éprouve le besoin de "conceptualiser"
ce qu'elle vit dans ses mythes et dans ses rites, pour tenter d'en rendre compte
dans le langage culturel et philosophique de son temps, ainsi naissent les dogmes
qui tentent de
témoigner de l'expérience vive de la rencontre avec les ressources intellectuelles
et conceptuelles d'une époque donnée. Ils permettent de donner un cadre (cf.
mes précédentes réponses à cette question) et à délimiter une communauté de
foi. Et cela peut être utile, à condition de les mettre à leur place, c'est-à-
dire comme tentative humaine et toujours provisoire pour approcher le mystère
de Dieu.... S'ils prennent trop de place, ils risquent d'étouffer l'expérience
vive et de dévaloriser le langage symbolique : la foi devient alors terriblement
froide et intellectuelle.

Pour prendre un seul exemple: il est clair que le "dogme de la Trinité" n'est
pas présent tel quel dans le Nouveau Testament (qui ne pouvait s'exprimer dans
les termes de la philosophie grecque sur l'hypostase et la substance), en revanche,
on ne peut nier que Jésus nous donne accès à Celui qu'il nomme son Père, nous rendant
à notre tour "fils" de Dieu, dans l'Esprit... Expérience bouleversante dont
les Pères de l'Eglise ont tenté de rendre compte dans leurs catégories philosophiques...et
que nous pouvons peut-être aujourd'hui exprimer de façon différente.

Il me semble qu'en partant de l'expérience vive et en y revenant toujours, nous
éviterions bien des conflits "dogmatiques".