Pourquoi certains rejettent-ils violemment leur éducation "évangélique" ?

Le phénomène du rejet de leur éducation religieuse très stricte par des adultes formés dans le milieu évangélique est effectivement chose courante. Psychologiquement, cela s’explique par le fréquent refus commun à beaucoup d’humains de tous les carcans qui ont pu leur être imposés. Devenu adulte, donc relativement autonome, on a tendance à rejeter ce qui de notre éducation entre en contradiction avec ce que nous découvrons de la réalité. Cela n’est pas propre à l’éducation religieuse. Ce n’est pas nécessairement mauvais !

Théologiquement, ce rejet violent d’une éducation évangélique est un rappel que l’on ne peut pas éduquer quelqu’un pour qu’il devienne croyant. On peut transmettre une culture religieuse, faire entendre la loi et l’évangile. On ne peut transmettre la foi. Cela appartient à Dieu seul de nous la donner. Et il y a peut-être des éducations religieuses qui rendent certaines personnes peu disponibles à la foi que Dieu veut leur donner… A nous de veiller à ne pas faire écran entre Dieu et ceux à qui nous présentons la foi chrétienne.

Comment s’y prendre avec d’ancien évangélique, mais finalement de n’importe qui ? En étant témoins auprès d’eux d’un évangile proprement libérateur. Pour ce faire il s’agit de mettre la grâce au centre de tout, ce que, de fait, les « évangéliques » ne font pas, comme j’ai essayé de la montrer dans mon ouvrage « Les pièges de la foi » (Genève 1993).

Quant à votre citation de l’épître aux Hébreux (dont je ne crois pas qu’elle soit de Paul), elle fait problème au point que Luther l’avait déclassée, ne la mettant pas au même niveau que les autres épîtres. Si j’ai mis longtemps à vous répondre, c’est que je cherchais un argument simple pour remettre en question ce passage des Hébreux. Il m’a été fourni en préparant la prédication que j’ai prononcée hier. Dans l’évangile de Marc (8.33), Jésus dit à Pierre qui ne comprend pas que Jésus doive souffrir etc. pour être vraiment le Messie : « Passe derrière moi, Satan ». Or les mots utilisés par Jésus sont presque les mêmes que lorsque Jésus a appelé Pierre à se mettre à sa suite, « derrière moi » (Mc 1.17). Jésus offre ouvertement une deuxième chance à Pierre de devenir son disciple et même plus de devenir croyant, lui qui avait cédé à la tentation satanique de désespérer d’un Dieu qui ne serait pas glorieux au sens où les humains l’entendent ! Voilà donc un passage biblique qui contredit clairement celui que vous citez de l’épître aux Hébreux…