Entre christianisme et judaïsme comment choisir?

Votre appartenance religieuse doit absolument rester votre libre choix. Personne ne peut croire à votre place. Il est inauthentique de croire comme on croit à… (Rome, Genève, Wittenberg, Jérusalem, La Mecque etc.). Prenez l’avis de vos amis chrétiens en ce sens qu’ils tentent de vous dire pourquoi ils ne désirent pas eux-mêmes devenir juifs. Ne vous sentez pas obligée de croire comme eux, parce qu’ils sont vos amis…

Cela dit, calculez la dépense comme il est conseillé de le faire avant de construire une tour ou de partir en guerre comme le recommandait un ami juif (Lc 14.28ss) ! Calculez la dépense avant de choisir entre judaïsme et christianisme. Il y a, en effet, là deux manières de comprendre la vie assez différentes.

C’est le propre des monothéismes de devoir résoudre le problème de la médiation entre le Dieu Un et les humains que nous sommes. Le christianisme répond que le médiateur a été un homme comme nous, un individu. Le judaïsme « talmudique » répond que la médiation est une grandeur culturelle : la loi donc le livre et/ou le peuple. La différence réside dans la place du Je, de l’individu, de la relation à soi-même. La personne humaine est-elle prise au sérieux en tant que personne ou est-elle soumise à la loi (l’homme fait pour la loi ou la loi faite pour l’homme ?). Existe-t-elle en tant que personne ou comme partie du peuple ?

Vous me rétorquerez que tout le judaïsme ne voit pas les choses ainsi. Tel n’est effectivement pas le cas du judaïsme « prophétique ». Il veut instituer une authentique et fondamentale relation entre l’individu et Dieu. Pourtant, à chaque fois qu’il a resurgi (dans le hassidisme par exemple), il ne s’est pas imposé dans le judaïsme. Pourquoi ? Parce qu’il comptait sur les forces de l’homme pour mettre sa confiance en son Dieu. Or nous sommes incapables d’une pure confiance en Dieu. A une telle foi il faut des béquilles et on redonne constamment des béquilles culturelles (loi, temple, peuple) qui deviennent vite les piliers essentiels du judaïsme.

Jésus fut à mon sens pleinement dans cette ligne du judaïsme prophétique, à une différence près cependant : il n’a jamais cru que nous soyons capables d’entrer par nous-mêmes dans l’alliance offerte par Dieu. Il fallait que Dieu offre l’alliance ET la possibilité d’y entrer. Pour Jésus, rien n’est donc possible hors de la seule grâce de Dieu. Alors, à mon sens - mais à mon sens seulement - il est possible d’entrer dans une juste relation à Dieu et de fil en aiguille dans une juste relation à soi, à autrui, au monde culturel, à la nature, à l’histoire…

Je ne dis donc pas qu’une compréhension de soi soit objectivement supérieure à l’autre. Elles sont différentes et il importe d’être au clair à leur propos avant de choisir ! Bon parcours donc dans une compréhension de la vie ou dans l’autre.